Madame la Ministre,
Le flufenacet est une matière active indispensable pour les agriculteurs.
Un désherbage efficace est capital pour la réussite des cultures. Les mauvaises herbes causent en effet des
préjudices directs, notamment par la concurrence avec la culture en place. Leur nuisibilité est également
indirecte, notamment sur la qualité de la récolte et les problèmes sanitaires, en particulier avec le retour de
l’ergot.
L’autorisation du flufenacet court jusqu’au 15 juin 2025.
Quand bien même l’autorité de régulation européenne EFSA recommande de ne pas prolonger son
approbation, mais le Comité permanent de l’UE des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des
aliments pour animaux (SCoPAFF) n’a pas encore eu à se prononcer.
Dès lors, pour la Coordination Rurale, il n’y a pas d’impératif à devancer une possible décision européenne,
et confronter les agriculteurs à de nouvelles restrictions sur l’usage des produits phytopharmaceutiques,
mais également générer un volume considérable de produits phytosanitaires non utilisables (PPNU) comme
nous l’avions tristement connu avec l’arsénite de soude.
Le fait que l’Office fédéral allemand de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL)
envisage de retirer à court terme l’approbation du flufenacet sur leur territoire leur appartient, et les
autorités allemandes devront répondre de cette distorsion de concurrence devant leurs agriculteurs.
Une telle décision en France, loin de toute procédure coordonnée à l’échelle européenne, serait vue par les
agriculteurs comme une atteinte sérieuse à la compétitivité des fermes françaises, ainsi qu’une exposition
accrue à des distorsions de concurrence intra européennes.
La stratégie Ecophyto 2030 ancre le principe « Pas d’interdiction sans solution », et dans le cas du
flufenacet, il n’existe à ce jour aucune alternative viable et fiable satisfaisante.
Dans l’éventualité non souhaitable de l’interdiction du flufenacet à l’échelle européenne, nous espérons
qu’a minima, par cohérence politique et économique, celle-ci s’accompagnera de clauses de sauvegarde
fermes et immédiates.
La CR vous demande donc de ne pas céder aux pressions environnementalistes exigeant l’interdiction du
flufenacet, et de respecter le principe « Pas d’interdiction sans solution ».
Enfin, de manière plus globale s’agissant de l’autorisation des produits phytopharmaceutiques, la CR milite
pour la mise en place d’une autorisation de mise de le marché (AMM) communautaire afin d’éviter les
distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne.
Nous nous tenons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire, et vous prions d’agréer,
Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.
Véronique Le Floc’h
Présidente nationale
Patrick Legras
Responsable des sections Grandes cultures et végétales