C’était prévisible, et c’est arrivé, sous couvert de désobéissance civile.

« Désobéissance civile », une jolie paraphrase aux reflets vertueux nappée de langue de bois pour désigner le non respect d’une interdiction préfectorale, et l’usage plus ou moins prononcé de violences contre des biens et des personnes.

Nous espérons qu’il n’y aura pas 2 poids, 2 mesures, et que les réponses judiciaires seront fermes. Les agriculteurs, qui sont contrôlés et punis sévèrement en cas de non respect parfois involontaire d’une réglementation complexe, ne comprendraient pas un laxisme envers toute délinquance, fut-elle civile ou citoyenne !

Donc, en dépit d’une interdiction de manifester, près de 5000 personnes se sont retrouvées à Sainte Soline pour protester contre le projet de réserve d’eau.

Rappelons que ce projet, lui, a reçu les autorisations nécessaires et que, selon une étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), il n’aurait pas d’impact sur les nappes phréatiques. Le problème n’est pas le manque d’eau, il en tombe suffisamment en France. Le problème, c’est le manque de gestion de cette eau qui tombe de manière inégale sur l’année. Une réserve de 700 000 m³ dans les Deux-Sèvres, c’est 8h du débit hivernal moyen de la Sèvre Niortaise à Niort !

Nous noterons la présence d’élus politiques à une manifestation interdite, élus à la radicalité sélective puisque capables de se réjouir du vandalisme subi par d’autres. C’est certainement le prix à payer pour une certaine écologie politique devenue un dogmatisme dangereux, loin de toute approche globale d’un environnement agricole, alimentaire et économique, mais plus proche du combat contre tout ce qui ne sert pas une cause autoritariste.

Nous nous étonnons également des propos tenus par le ministre de la Transition écologique, qui a estimé à la radio que les opposants « dénoncent quelque chose de juste, la nécessité qu’on diminue collectivement, et les agriculteurs aussi, nos usages d’eau », mais que l’étude du BRGM était « venue dire à quel point le projet n’avait pas de conséquences négatives pour les nappes ». Bref, une illustration du « en même temps », heureusement – mais faut-il s’en réjouir ? - peu cohérente avec les propos des ministres Marc Fesneau (Agriculture) et Gérald Darmanin (Intérieur).

Enfin, que penser du soutien affiché de la Confédération Paysanne à ces agissements et ces dégradations ? Pour qui roule ce syndicat qui manifeste une fois encore contre sa propre profession ? Est-il encore digne de siéger dans des instances représentatives ?

N’en déplaise aux élus radicaux parisiens, pour produire leur nourriture qui arrive par camions jusqu’à eux, il faut de l’eau, et des agriculteurs. Et s’ils veulent consommer « local », ou à tout le moins français, il faut des agriculteurs en France en capacité de produire et d’exercer leur métier.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

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