Dans un entretien accordé à la presse, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, avoue ne pas savoir ce qu’est l’exception agriculturelle.

La Coordination rurale lui répond.

De Jordan Bardella à François Ruffin, en passant par les présidents des principales associations d’élus membres des LR, de l’UDI ou du PS signataires d’une tribune publiée dans Le Monde en faveur de l’exception agriculturelle, ce concept défendu depuis plus de 25 ans par la Coordination rurale s’impose partout dans le débat politique.

Mais qu’est-ce que l’« exception agriculturelle » ?

En 1993, l’Union européenne, à la demande de la France, crée un statut spécial pour les œuvres culturelles et la production audiovisuelle afin de les protéger des règles commerciales de libre-échange. L’argument avancé étant que la création intellectuelle ne peut être considérée comme un bien marchand comme les autres, c’est l’« exception culturelle ». Sur ce même principe, la Coordination rurale demande l’exception agriculturelle. Les produits agricoles ne sont pas des marchandises comme les autres. Les inondations, les sécheresses, les interactions avec la faune sauvage, … peuvent avoir des graves conséquences économiques pour les agriculteurs. Pour cette raison, il n’est pas possible de confier l’agriculture au seul marché mondialisé. Les agricultures ne doivent pas être en concurrence les unes face aux autres, avec des politiques de dumping destructrices pour tous.

L’intégration de l’agriculture à l’OMC et l’application des traités de libre-échange ont conduit à une situation désastreuse pour les agriculteurs français et européens soumis à une insoutenable concurrence déloyale. Des produits qui ne respectent pas les normes particulièrement exigeantes imposées aux producteurs français sont légalement importés sur notre territoire. Nous demandons ainsi que l’agriculture soit considérée comme un secteur à part qui mérite, au même titre que la culture, d’être protégés par des règles particulières dans le cadre du commerce international.

Prenons un exemple parlant pour Monsieur Rousseau. Au début de la guerre en Ukraine, les volumes d’échange de céréales ont fortement augmenté et nous avons assisté à une spéculation massive sur les marchés. En juin 2022, selon Robert Zoellick, alors président de la Banque mondiale, ce sont près de 70 % des achats sur le marché du blé qui ont été effectués par des acteurs financiers et 80 % des achats étaient purement spéculatifs. Sur le seul 1er trimestre 2022, les dix plus grands fonds spéculatifs du monde ont réalisé des bénéfices de près de 2 milliards de dollars grâce au commerce des céréales et des graines de soja. Cette situation plus de 2 ans après est encore extrêmement tendue pour les céréaliers français et européens. La demande soutenue de blé de qualité inférieure à prix compétitif en provenance de l’Ukraine augmente les importations pour l’Union européenne et les producteurs français qui produisent de la qualité et respectent des normes environnementales contraignantes ne peuvent plus suivre, tandis que les fonds spéculatifs enregistrent des bénéfices records.

Pour cela, l’agriculture doit sortir de l’OMC qui contrôle inégalement les subventions de la PAC ou des États à leur agriculture. L’agriculture doit aussi sortir des accords de libre-échange (CETA, accord avec les pays du Mercosur, accord avec le Japon…). Enfin, les clauses miroirs doivent être systématiquement imposées, autrement dit, il faut interdire l’importation de produits qui ne respectent pas les normes environnementales imposées aux agriculteurs français. Si l’agriculture est reconnue d’intérêt général dans la future loi agricole, elle mérite d’être épargnée par les traités de libre-échange. Si M. Rousseau n’y est pas favorable, on se demande s’il comprend vraiment le désarroi du monde agricole.

La Coordination rurale continuera de défendre l’exception agriculturelle et l’obtiendra !

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