Echanges internationaux : le MERCOSUR
Un véritable agricide est en cours en France. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une destruction systématique de notre agriculture. La ratification imminente de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur l’illustre encore.
Le monde paysan connaît le plus grand plan social de son histoire
Quelque 150 000 fermes en détresse financière, plusieurs suicides par semaine, une menace existentielle sur la production céréalière, une crise profonde de l’élevage (près d’un million de vaches en moins en 10 ans), un marasme viticole majeur… La France est passée du rang de puissance agricole mondiale au rang de soumise aux importations de basse qualité alimentaire.
Les produits venus des pays du Mercosur ne respecteront pas les normes sanitaires, ni environnementales, ni sociales qui nous sont imposées et arriveront donc à des prix défiant toute concurrence
C’est dans un tel contexte que la Commission européenne a jugé bon de signer les accords UE-Mercosur qui entérinent la mort de l’agriculture française et européenne. En abaissant les droits de douane sur des dizaines de milliers de tonnes de bœuf, de volaille, de miel ou de sucre de canne qui inonderont bientôt nos marchés intérieurs, la Commission européenne prend la responsabilité de la perte totale de la souveraineté alimentaire des Etats membres. Ces produits venus des pays du Mercosur ne respecteront pas les normes sanitaires, environnementales et sociales qui nous sont imposées et arriveront donc à des prix défiant toute concurrence.
Les accords UE-Mercosur ne doivent être ratifiés, sous aucune condition
La France doit être le moteur de cette protestation. Nous ne mourrons pas en silence. Des voix s’élèvent dans le débat public français. Certains continuent à nous mépriser en nous assurant que le traité ne sera pas ratifié tant que des garanties de lutte contre la concurrence déloyale n’y seront pas inscrites. Nous n’y croyons pas.
Pour l’application des clauses miroirs et de la loi Egalim
La Coordination Rurale milite depuis plus de 30 ans pour l’application des clauses miroirs aux frontières de la France et de l’Union européenne. Cela n’a jamais été fait et pourtant la loi française l’impose.
L’article 44 de la loi Egalim introduit un nouvel article L. 236-1 dans le code rural et de la pêche. Ce nouvel article dispose l’interdiction de l’importation de denrées alimentaires et produits agricoles qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs européens et oblige le gouvernement à prendre les décrets d’application nécessaires. Or, le gouvernement ne l’a jamais fait. En effet, selon un rapport de l’INRAE, entre 10% et 25% des produits agricoles importés ne respectent pas les normes européennes. Nous les croirions maintenant ?
En 2022, le déficit commercial de l’Union Européenne avec les pays du Mercosur s’élevait déjà à 30 milliards d’euros pour les produits agricoles. Dans une telle situation déjà dramatique, ils envisagent d’ouvrir encore plus notre marché intérieur.
Concrètement le Mercosur c’est :
- 160 000 tonnes de viande bovine à des prix 40 % plus bas que les nôtres
- 180 000 tonnes de volaille, dont les coûts de production sont 30 % plus faibles qu’en France
Accepter ce marché, c’est encourager la production agricole sud-américaine, hyper-compétitive mais aux pratiques environnementales dévastatrices, tout en participant à la déproduction européenne, respectueuse de l’environnement et de notre terroir.
A qui profitera cela profiterait ?
- Aux multinationales agroalimentaires, comme Téréos, coopérative française et un des principaux leaders sur le marché brésilien du sucre et de l’éthanol au Brésil. Téréos pourra importer 180 000 t de sucre sans droits de douane pour concurrencer ses coopérateurs français via ses 7 usines au Brésil !
- A JBS et Tyson Foods qui se partagent non seulement 40 % des marchés mondiaux de viande bovine et de viande de volaille, mais aussi 30 % de celui de porc, 22 % du marché du cuir… En viande bovine, cette concentration oligopolistique atteint même les 70 % avec Cargill et le brésilien, Marfrig.
- Aux ABCD (Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus) qui maîtrisent 70 % du marché des céréales !
La France peut-elle justifier le sacrifice de son agriculture pour enrichir ces multinationales ?
Il est inacceptable de faire des agriculteurs, et par extension des consommateurs, les sacrifiés de la politique européenne actuelle. Les citoyens français méritent des produits locaux, de qualité et répondant aux normes sociales et environnementales que nous défendons tous les jours.
Pour résister, il existe des solutions
Le bon sens paysan est notre moteur. N’importons que ce que nous ne produisons pas, et exportons uniquement notre surplus. L’élection de Donald Trump qui prône le protectionnisme, nous montre que d’autres puissances s’autorisent des mesures de sauvegarde. Alors, pourquoi pas nous ?
La Coordination Rurale appelle à une Exception Agriculturelle : il est temps de retirer les produits agroalimentaires de l’OMC et des accords de libre-échange. Nos productions – qu’il s’agisse de la viande, du vin ou des céréales – ne doivent plus être les variables d’ajustement des négociations diplomatiques et commerciales.
Ensemble, refusons le sacrifice de notre agriculture au profit des multinationales. Ensemble, faisons entendre la voix de la France rurale et agricole. Il est encore temps d’agir pour protéger notre souveraineté alimentaire, pour garantir l’avenir de notre agriculture, et pour défendre la qualité de ce que nous mangeons.