La certification Haute valeur environnementale (HVE) semble s’imposer aux agriculteurs dans tous les domaines. Par la création d’un crédit d’impôt, mais aussi la proposition d’accorder des priorités dans le contrôle des structures, en conditionnant des aides ou l’accès à des marchés comme celui de la restauration collective, ou encore en obligeant des coopérateurs à se conformer aux décisions imposées par la coopérative. Les agriculteurs sont engagés à marche forcée dans cette démarche, évidemment lucrative pour les prestataires de services avides de nouveaux marchés, mais qui ne leur apportera aucune plus-value. Pire elle pourrait entraîner des mises aux normes irréalisables pour certains et augmenter les importations des denrées toxiques.
De même, ce label vient apporter de la confusion puisqu’il existe déjà un label dédié au respect de l’environnement, le label biologique ! La HVE vient ainsi directement concurrencer l’agriculture bio. C’est pourquoi les agriculteurs Bio de la CR craignent un report des achats vers ces produits labellisés qui ne seront pas valorisés financièrement aux producteurs. Ces derniers notent également que dans le plan de relance, la HVE a un budget 3 fois supérieur au Fonds avenir bio.
La certification HVE niveau 3* induit des contraintes supplémentaires lourdes et les associations écologistes elles-mêmes reconnaissent la difficulté de valoriser ces efforts sur le prix payé à la production, car il est évident que les consommateurs rechignent à payer le surcoût, pour un produit intrinsèquement identique. Au vu de tous ces éléments la CR demande que la HVE reste une certification volontaire !
« Non seulement les contraintes sont supérieures et non compensées, mais il faut aussi tenir compte de la baisse du revenu liée à la baisse de production générée par les mesures imposées. » rappelle Damien Brunelle, 1er vice-président de la CR, qui s’interroge : « Produire moins de nourriture, sur de plus grandes surfaces, pour toujours plus de consommateurs, est-ce ce vraiment écologique ? »
L’agriculture est tout de même censée produire des aliments, et il faut bien au final se demander combien de personnes en moins sont nourries en contrepartie de ces contraintes censées favorables à l'environnement.
Pour la Coordination Rurale, la transition agroécologique ne pourra pas se faire en négligeant 90% des exploitations. « Plutôt que de laisser penser que la seule agriculture conventionnelle vertueuse est celle qui est certifiée HVE, pourquoi ne pas soutenir et encourager l’agriculture de conservation des sols de même que toutes les bonnes pratiques culturales ».
La CR refuse d’opposer les différents modes de production, l’agroécologie doit aider à optimiser toutes les agricultures, et non faire table rase de l’agriculture conventionnelle qui nous nourrit. La HVE doit donc rester un label volontaire et les agriculteurs ne doivent subir aucune pression pour y souscrire !
* la seule donnant accès à des possibilités