Grâce à l’intervention de M. Pierre Henriet, député LREM de Vendée, une conférence / débat initiée par la CR et ayant pour titre « Stockage de l’eau et irrigation : stop à la désinformation ! » s’est tenue au sein de l’Assemblée nationale mercredi 26 octobre.
24 députés et collaborateurs issus de divers groupes parlementaires ont ainsi pu échanger sur cet enjeu devenu central dans le débat public.
Cette conférence survient alors que la sécheresse de cet été a été particulièrement destructrice. Mi-août, la quasi-totalité de la France était concernée, y compris la haute montagne, comme en Savoie et Haute Savoie, et avec des déficits de plus de 60 % dans certains secteurs. Sophie Michaux, responsable du service Études de la CR, a ainsi rappelé que les agriculteurs sont les premiers concernés par ces épisodes climatiques. Néanmoins, la canicule de cet été a prêté le flanc à l’idée répandue selon laquelle, en France, l’eau serait un bien rare. Or, quand on regarde dans le détail, les chiffres de la pluviométrie moyenne annuelle n’évoluent pas vraiment.
L’objectif de cette conférence était donc de rappeler que l’irrigation en agriculture est absolument indispensable pour s’adapter aux évolutions du climat et répondre aux nombreux besoins qui sont ceux de l’intérêt général.
Guillaume Benoit, membre titulaire de l’Académie d’agriculture de France, et président du groupe de travail « Eaux, sols, agroécologie et sécurité alimentaire » du Partenariat français pour l’eau, est intervenu dans le cadre de cette conférence. Il a d’abord rappelé que la France ne manque pas d’eau et a exposé la nécessité de la stocker. Il a, de ce fait, évoqué l’irrigation importée pour souligner les incohérences de la France en matière de politique de l’eau.
Guillaume Benoit a demandé aux députés de sortir d’une vision à court terme et des oppositions en « silos ». Malgré les avancées du Varennes de l’eau, la France a pris du retard qui s’explique en partie par un manque d’information et de communication ayant conduit à une vision de décroissance opposant l’Homme à la nature. Pour Guillaume Benoit, la confusion entre politiques d’« environnement » et de « développement durable » se renforce et entretient l’idée erronée, mais encore répandue dans une certaine partie de la communauté de l’eau, qu’il suffirait d’« économiser, protéger et partager ».
Ensuite, Thierry Boucard, président de l’Association syndicale autorisée d’irrigation des Roches, céréalier et utilisateur de réserve d’eau en Charente-Maritime, président de la CR 17, a évoqué un autre frein consubstantiel à la politique française de l’eau : la complexité administrative. Il a présenté le fonctionnement des retenues d’eau, aussi appelées « bassines », et les difficultés administratives pour arriver à en construire une. Par ailleurs, Thierry Boucard a rappelé que l’irrigation, en France, est strictement encadrée : « Nous avons des piézomètres et des compteurs télétransmis à l’administration, confortés par les mesures du comité de suivi, géré par l’EPMP. Contrairement aux allégations de nos opposants, cela n’impacte donc pas le milieu naturel. Nous stockons uniquement de l’eau qui serait partie à la mer, à une période qui n’intéresse personne. »
Enfin, François Walraet, céréalier et président de la CR AURA et de la CR Allier a mis en avant les mesures possibles pour faire face à cette mauvaise gestion de l’eau en France, notamment en réformant en profondeur la loi sur l’eau qui date du début des années 80, époque à laquelle les difficultés n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Des propositions ont également été avancées sur la réutilisation des eaux usées et l’allégement des procédures administratives à l’heure où le coût d’un dossier déclaratif de retenue d’eau est compris entre 5 000 € et 10 000 € et où le délai pour obtenir une autorisation est d’environ 3 ans. « La France ne manque pas d’eau, juste de réserve ! On demande aux citoyens, voire même aux établissements publics, de faire des réserves d’eau de pluie pour leur usage personnel, mais on en interdit la pratique sur les cours d’eau au nom de la continuité écologique ! Il ne tient qu’à nous d’agir pour faire entendre que l’irrigation est un élément indispensable pour l’avenir. »
La présentation a été suivie par une session de questions / réponses. Les retours des députés sont encourageants. Cette conférence / débat a également permis à la Coordination Rurale d’être identifiée sur cette question à la fois en tant qu’expert et acteur de terrain.