Les médias, qui formatent l’opinion, ne cessent de répéter que les paysans polluent et que les eaux sont impactées par les pratiques agricoles… 

La guerre des nitrates

Depuis une trentaine d’années, ils alimentent encore les chroniques, malgré les preuves scientifiques de leur absence de toxicité. Les nutritionnistes ne proposent-ils pas de consommer des légumes, lesquels peuvent pour certains contenir cent fois plus de nitrates par kilo que le litre d’eau du robinet ? Même si des études sérieuses amènent à constater les effets bénéfiques des nitrates sur l’inflammation, les capacités immunitaires, et ses implications dans la protection cardio-vasculaire, la volonté des pouvoirs publics est de traquer les nitrates, comme la récente décision du Gouvernement des Pays-Bas qui menace 500 à 600 fermes de fermeture pour limiter les taux d’azote. L’agriculture est toujours présentée comme la principale responsable de la pollution des eaux.

D’où vient la pollution de l’eau ?

Lassés par de tels illogismes, quelques agriculteurs de la Coordination Rurale ont procédé, en présence d’un huissier le 24 novembre 2021, à des prélèvements d’eau aux exutoires (1) de trois stations d’épuration de villes moyennes en Charente.

De même, ils ont prélevé le 28 février 2022, l’eau des exutoires de deux retenues collinaires du sud Charente, uniquement alimentées par le ruissellement des champs environnants.

Ces analyses, confiées le jour même du prélèvement à un laboratoire nantais accrédité COFRAC, ont recherché 120 produits chimiques ou biologiques potentiellement présents dans l’eau.

Ces analyses ont trouvé 36 occurrences positives supérieures ou égales à la LQ (limite minimum quantifiable pour chaque produit) pour les échantillons citadins dont 11 sont communes avec les eaux agricoles dont on peut voir la comparaison des concentrations dans le tableau ci-dessous.

< : inférieur au niveau de détection ; µg : millionième de gramme ; Mg : millième de gramme

On constate que les eaux agricoles contiennent 36 fois moins de glyphosate et 227 fois moins d’AMPA (produit de désagrégation du glyphosate et des lessives) que les eaux citadines dont, pour tous les produits, les concentrations sont supérieures aux eaux agricoles. À l’exception des nitrates dont la date de prélèvement correspondait à une pluie sur un récent épandage sur une céréale du bassin versant, mais dont la concentration est plus de moitié inférieure aux 50 mg légaux.

En ce qui concerne les eschérichia coli, les eaux citadines en contiennent au moins 5 526 fois plus, les eaux agricoles étant au-dessous de la LQ !
Les normes imposent des contraintes de stockage et d’épandage des effluents agricoles pour des raisons sanitaires aux agriculteurs quand personne ne s’inquiète des rejets citadins autrement
plus dangereux !

Il faut constater que la réglementation impose aux agriculteurs des bandes enherbées au bord des ruisseaux pour limiter le ruissellement des nitrates dans l’eau des rivières. Pendant ce temps, rien n’est fait pour traiter les eaux pluviales des villes qui se déversent directement dans les cours d’eau, lessivant les excréments des animaux domestiques, les crachats des passants et les fuites des carters des voitures sur les surfaces bitumées imperméables.

Rejet polluant dans la Touvre, 13 07 2005 Photo AP

Pour les occurrences relevées uniquement dans les eaux citadines, elles concernent des métaux lourds et majoritairement des médicaments.

Les chambres d’agriculture doivent prendre modèle sur cette initiative afin de faire éclater la vérité sur la pseudo-pollution agricole et faire cesser, pour le bien commun et l’intérêt général, le dénigrement de l’agriculture.

Interrogations sur la pollution de l’air

Outre la pollution de l’eau, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à attribuer la pollution de l’air à l’agriculture. Pour les pics de pollution qui se concentrent périodiquement au-dessus des villes, cette association écologiste explique très techniquement : « Pour résumer, il y a une convergence de polluants qui, en l’absence de vent et de pluie, se combine avec le rejet d’ammoniac issu de l’agriculture ».

Reconnaître explicitement qu’en l’absence de vent, des polluants ruraux se concentrent sur les villes relève pour le moins d’un arbitraire aveugle et déterminé.

Par exemple, lors des pics de pollution du 30 novembre au 17 décembre 2016 il n’y avait aucun épandage azoté en agriculture à cette période de l’année.

Rétablir la vérité

Il est nécessaire de rappeler que l’utilisation de l’azote en agriculture a accompagné et permis l’accroissement de la population mondiale en participant à la réduction de la famine et de la malnutrition.

Persister à accuser l’agriculture de polluer et de prendre des mesures comme la limitation des nitrates, alors qu’il est prouvé que ces derniers ne sont pas toxiques, mais bénéfiques est une faute gravissime que les générations futures ne nous pardonneront pas.

Pire est de masquer à l’opinion les vraies sources de pollution, comme le démontrent les analyses précitées, en ne prenant aucune mesure efficace pour les limiter et laisser les effluents des villes s’écouler dans les rivières. C’est discriminatoire et criminel.

(1) Exutoire : endroit de sortie où l’eau des stations d’épuration rejoint le milieu naturel.

Également publié sur : https://www.contrepoints.org/2023/01/11/447662-pollution-leau-des-villes-et-leau-des-champs

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