À l’occasion d’un entretien avec Hadrien Jaquet, conseiller production animale au sein du cabinet de Marc Fesneau, les représentants de la Coordination Rurale ont témoigné de dysfonctionnements dans la gestion de la grippe aviaire contribuant à semer le doute, l’incompréhension voire la colère chez les éleveurs.

Revalorisation des avances sanitaires

Les éleveurs en dépeuplement perçoivent 75 % de la VMO (valeur marchande objective) au titre d’une avance des indemnisations sanitaires. Pour Philippe Soulles, responsable production palmipèdes à foie gras, cette somme ne permet même pas de couvrir les frais engagés pour démarrer la production (canetons/poussins et alimentation). Comment vivre en attendant les soldes et l’actualisation de la VMO ? La CR demande une augmentation de cette avance à 95 % de la VMO 2022, ce qui ne risque pas d’engendrer des trop-perçus et des demandes de remboursement au regard de l’augmentation des charges depuis l’an dernier. L’acompte de 75 % de la VMO est parfois reversé aux groupements pour rembourser les dettes des éleveurs. Par ailleurs, il est impératif de réviser trimestriellement la VMO au regard de l’évolution rapide des charges (énergie et alimentation).

Gestion de la production

Guy-Marie Clergeau, responsable production volailles de chair, s’est montré très inquiet pour les producteurs des Pays de la Loire. Une reprise trop précoce de la production risque de provoquer une nouvelle propagation du virus. « Nous ne voulons pas remettre en production si nous n’avons pas la garantie de pouvoir mener les lots à terme ». La CR propose de permettre aux éleveurs de dindes et de canards d’arrêter la production jusqu’à fin mai. Indemniser les éleveurs à 100 % pour des arrêts de production est 4 fois moins coûteux que d’indemniser des abattages sanitaires ou préventifs, et permet de limiter la multiplication du virus en attendant la possibilité de vacciner.

Gestion des dépeuplements

L’administration ordonne des dépeuplements préventifs autour des foyers qui sont réalisés soit par euthanasie (animaux jeunes non valorisables en abattoir), soit en abattoir. Kelyn Leroy, éleveuse dans le Gers qui a connu 3 dépeuplements par euthanasie ces dernières années, a assisté à un dépeuplement la semaine dernière. Elle s’est dite « choquée par les graves manquements des équipes de GT Logistics : mauvais respect la biosécurité, du BEA et des éleveurs ». Il faut remédier rapidement à cette situation. Si l’administration continue de fermer les yeux sur le comportement des équipes de dépeuplement, les éleveurs, garants du respect de la biosécurité et du BEA sur leur exploitation, refuseront l’accès des équipes (et conduiront des analyses sur le matériel employé) ou avec la présence d’huissiers pour procéder à des prélèvements pour analyse dans le but de s’assurer que le virus n’est pas ainsi propagé d’une exploitation à l’autre.
Enfin, dans le Gers, des éleveurs en dépeuplement par abattage sur ordre de l’administration se sont vus adresser des factures de frais d’abattage (36 000 € pour 5 000 canards). C’est tout simplement inacceptable pour la CR. L’administration doit directement prendre ses frais en charge et les abattoirs montrer un minimum de respect pour ceux et celles qui les font travailler tout au long de l’année. Les éleveurs perdent leur production, ils ne sont pas payés pour leurs animaux, alors que les abattoirs les valorisent !

Des garanties sur la vaccination

Enfin, Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination Rurale, a abordé la vaccination qui permet aux éleveurs de garder un mince espoir pour les années à venir. Pour la CR, l’État doit être en mesure d’apporter rapidement des garanties aux éleveurs tant sur les modalités de mise en œuvre, que sur la disponibilité des doses et sur le financement.

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