Damien Brunelle est le représentant de la Coordination Rurale dans l’atelier 1 des États généraux de l’alimentation (EGA) : Mieux répondre aux attentes des consommateurs en termes de qualités, nutritionnelles et environnementales, d’ancrage territorial, de bien-être animal et d’innovations. Il nous raconte comment il a vécu la première réunion de cet atelier qui réunit syndicats agricoles, associations de consommateurs, associations environnementales, syndicats de métiers de bouche, restaurateurs, chambres consulaires, grande distribution, représentants des collectivités territoriales, associations caritatives, etc.

Comment s’est déroulé ce premier atelier de ces EGA ?

Le ministère de l'Agriculture a ouvert la séance et a laissé rapidement la parole aux 2 co-présidents, Dominique Verneau (Directeur de production des laiteries Triballat) et de Jean-Yves Mano (Président de l’Association nationale de défense des consommateurs et usagers, et ancien sénateur). Les grands thèmes des EGA ont été rappelé avec, selon M. Verneau, deux catégories principales, à savoir « la création et la répartition de valeur » et « l'alimentation saine, durable et accessible à tous ». Son co-président a conclu son introduction en regrettant l'absence de mot PAC dans les intitulés des ateliers. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd…

Sur quoi la CR a-t-elle mis l’accent pendant sa première prise de parole ?

Il faut dire en préambule que la présentation de chaque participant sous la forme d’un tour de table a presque occupé toute la matinée ! Pour la CR, l'accent a été mis sur nos fondamentaux : les prix rémunérateurs et l'exception agriculturelle, deux préalables pour pouvoir parler durablement de qualité alimentaire ! Nous avons aussi rappelé notre caractère précurseur de la CR, notamment en matière d'agriculture de conservation avec le NLSD.

Des travaux préalables ont-ils posé les débats ?

Oui, le ministère avait commandé trois études sur les habitudes de consommation alimentaire. Les deux premières (Credoc et Blezat Consulting) ont enfoncé des portes ouvertes : les jeunes mangent davantage que les plus de 65 ans (30 % de la population) mais consacrent moins d'argent à leur alimentation. Ils se moqueraient de ce qu'ils mangent, et iraient de plus en plus vers du tout prêt et des plats transformés. Nous notons un gros décalage entre les aspirations des consommateurs et les réalités : recherche de "naturalité", d'une alimentation plus transparente et durable mais apparaissent des changements de régime alimentaire, à savoir une diminution de la consommation de fruits et de viande, des augmentations de vente du prêt-à-manger, et une moindre diversité dans nos menus. L’autre étude, menée par AgroCampus Rennes, portait sur le besoin de territorialité des consommateurs.

Les prix rémunérateurs ont-ils été évoqué ?

Oui, nous avons rappelé à deux reprises que ces prix rémunérateurs pour les agriculteurs n’impliquait pas d’amputer le budget des ménages, contrairement aux craintes d’autres participants. Je pense que nous avons marqué positivement certains esprits qui sont ensuite venus me dire leur surprise sur le niveau de dépendance de la France vis-à-vis des importations dans certains secteurs. Ils ont aussi compris que la France est bien loin d'être encore la grande exportatrice qu'ils imaginaient. Nous prônons la rémunération de la création de valeur. A l'inverse la FNSEA et quelques satellites ont réclamé la rémunération du travail environnemental des agriculteurs… Vous imaginez bien la réaction des associations environnementalistes et de consommateurs : « 9 milliards de primes PAC ! », le coût de traitement de l'eau, des « pesticides", etc. Et ce tout en se positionnant en faveur du marché mondial, tout en dénonçant les accords de libre-échange... Leurs incohérences entre discours et pratique sont apparues au grand jour.

Quel bilan tirez-vous de cette première réunion ?

Nos deux co-présidents ont eu du mal à canaliser certaines prises de parole qui partaient dans toutes les directions, principalement celles venant d'un habitué des lieux depuis plusieurs décennies, selon ses propres dires. A leur décharge, avec autant de participants, l’exercice est très complexe. Je suis néanmoins content d'avoir pu insister sur nos points clés économiques et d'organisation du marché. J'ai trouvé que nous pouvions échanger positivement avec de nombreux partenaires de l'alimentation. Nous verrons à la prochaine réunion…

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