Compte-rendu de Joris Miachon, représentant de la CR lors de cette réunion.

En introduction, Terrena a présenté ce qu’elle considère comme les principaux enjeux de la chaîne alimentaire française, à savoir les enjeux de qualité, sociétaux et économiques. Pour y répondre, la coopérative observe les marchés et tente de répondre aux attentes des consommateurs, valorise le territoire et développe l’agriculture éco-performante (avec le label « La Nouvelle Agriculture »). Pour aller plus loin, d’autres propositions ont été faites : contribuer à la croissance de la valeur de la Ferme France, développer l’engagement réciproque entre la coopérative et ses adhérents, avoir une approche globale de l’exploitation pour les rendre plus résilientes ou encore préparer l’avenir des plus jeunes. Le tout en appuyant sur deux points majeurs : la traçabilité et la transparence.

Une étude Ferme France est venue souligner que la France était mauvaise à l’export en raison du manque de regroupement. Une autre solution apportée était notamment le fait de produire à l’étranger (Afrique, Asie).

La coopérative Terrena est donc venue nous expliquer que les agriculteurs devaient rejoindre la coopération pour être plus forts à l’export (mais est-ce qu’être plus forts nous rend plus riches ?) et qui dit en même temps que les coopératives doivent ouvrir des structures de production à l’étranger pour rester compétitives. Un non-sens total.

Par ailleurs, le responsable de Terrena a clairement indiqué que tous les producteurs étaient payés au même prix sans prendre en compte les coûts de production. Les prix sont donc guidés par la mauvaise qualité.

La seconde présentation concernait l’interprofession des œufs, laquelle a été présentée en détail, mettant notamment en avant son autosuffisance. La filière s’est adaptée aux attentes des consommateurs, notamment en matière de bien-être animal (avec la mise aux normes de 2012), avec un investissement de l’ordre d’un milliard d’euros. Toutefois, cela ne semble pas suffisant puisque les associations animalistes exercent une pression pour passer au tout plein air. Une option envisagée mais difficile à mettre en place dans la mesure où cela nécessiterait la création de 1 200 bâtiments supplémentaires (soit autant d’exploitations).

Suite à cette présentation, les évolutions concernant les interprofessions ont été évoqués. Il serait donc question de tout miser sur les interprofessions en y intégrant les consommateurs. Leurs rôles :

  • renforcer et améliorer les échanges entre les maillons de la filière sur l’évolution prévisible de la demande des marchés ;
  • se doter d’une mission de valorisation et de communication sur les produits de la filière, à l’export et sur le marché intérieur ;
  • élaborer des cahiers des charges qui constitueraient un socle de base (RSE, chartes de bonnes pratiques, etc.) ;
  • réaliser un état des lieux des indicateurs pertinents pouvant alimenter les clauses de détermination du prix des contrats, et le cas échéant exprimer des besoins vis-à-vis des instituts techniques ou établissements publics ;
  • élaborer un modèle de contrat-type ;
  • lister les questions qui pourraient faire l’objet d’un avis de l’Autorité de la concurrence pour sécuriser les interprofessions.

La troisième intervention par la FNPL (section Lait de la FNSEA) a présenté le modèle des appellations d’origine contrôlée, comme possible solution pour répondre à la demande des consommateurs. Une solution certes, mais qui ne représente aujourd’hui que 10 % de la production de fromage.

Quelles conclusions tirons-nous de cette 3e réunion ?

Les thématiques n’évoluent pas malgré les différentes interventions ; les contrats de partenariat que nous avions précédemment évoqués ne sont plus repris au contraire de la contractualisation pure et dure qui existe actuellement.

La mise en avant des consommateurs au sein des interprofessions peut être intéressante pour qu’ils comprennent la réalité des producteurs. Néanmoins, il ne faut pas se leurrer ; la demande des consommateurs n’est rien d’autre que le fruit du marketing de l’industrie et de la grande distribution.

L’export est toujours autant mis en avant malgré que la France importe de nombreux produits. À notre stupéfaction, la filière laitière a été citée en exemple en matière d’export. « Sans l’export, les laitiers seraient morts aujourd’hui » nous a-t-on expliqué ; c’est vrai que les producteurs laitiers sont dans une situation financière intéressante…

Enfin, il faut dire que l’on ne parle jamais des producteurs dans cet atelier. Qu’attendent les consommateurs ? Qu’attendent les industries ? Qu'attend la grande distribution ? Mais les producteurs, tout le monde s’en fout. Il s’agit encore de nous demander de nous adapter pour répondre aux exigences d’untel ou untel. Mais à aucun moment on ne demande aux producteurs quelle agriculture ils souhaiteraient développer… C’est à se demander si ces États généraux de l’alimentation ne vont pas empirer la situation des agriculteurs français.

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