Véronique Le Floc’h, secrétaire générale de la CR et éleveuse de bovins dans le Finistère, participe à l’atelier 14. Il pourrait y avoir du changement du coté de l’accompagnement technique des agriculteurs.
Que faut-il retenir cette réunion du jeudi 23 novembre ?
Véronique Le Floc’h : le réseau des chambres d’agriculture (APCA) joue gros et aimerait se positionner comme courroie de transmission entre la recherche et les agriculteurs, pour les accompagner dans la transition écologique. Il souhaite constituer une cellule nationale avec l’ACTA (instituts techniques), l’INRA et d’autres organisations, visant à coordonner les travaux entre tous les centres de recherche et à les transférer plus efficacement vers les agriculteurs. Des cellules régionales, instances de gouvernance des territoires et de l’innovation, feraient office de relais.
Une telle organisation est-elle souhaitable ?
Véronique Le Floc’h : s’il est nécessaire de mieux coordonner l’effort de recherche, la recherche décentralisée sur le terrain, ou recherche participative, ne doit pas être oubliée. De nombreuses initiatives fleurissent (APAD, CIVAM, CUMA, CETA…) mais les collectifs d’agriculteurs soucieux de mieux répondre aux attentes de la société manquent parfois cruellement de financement. Il faut trouver des moyens d’aider ces projets de terrain qui font leurs preuves, de ne pas perdre ces innovations. Mais bien sûr, en contrepartie du financement accordé, la connaissance doit être partagée, accessible à d’autres agriculteurs. Des conseillers de chambres d’agriculture peuvent effectivement venir appuyer ces groupes, comme cela se fait déjà dans certains départements (ex GDA/FDGDA).
Une transition écologique d’ampleur va devoir mobiliser d’importants financements. Des pistes sont-elles avancées ?
Véronique Le Floc’h : l’idée d’une taxe sur le chiffre d’affaires des industriels de l’agro-alimentaire et des distributeurs a été avancée, pour financer des fonds qui seraient éventuellement gérés par les interprofessions (sont-elles suffisamment pluralistes pour cela ?). D’autres imaginent une sorte de CVO supportée par les consommateurs et les importations. Mais cette idée déplait aux environnementalistes qui estiment que les citoyens paient déjà des impôts et que ce n’est pas à eux de refinancer la transition écologique.
Que pensez-vous de cette idée de taxe pour une transition agricole ?
Véronique Le Floc’h : pour la CR, ce sont avant tout des prix rémunérateurs à la production qui doivent permettre à l’agriculteur de répondre de lui-même à cette demande sociétale de transition écologique de l’agriculture.
Mais en l’absence de prix rémunérateurs, il n’y aucune raison de laisser le coût de cette transition à sa charge. Industriels, distributeurs et consommateurs ont tous leur part de responsabilité, par leur façon de travailler nos produits, de les vendre et de les consommer. C’est donc bien à l’ensemble de la société de financer cette transition, d’autant plus que c’est elle qui le demande.