Pascal Boniface, géopolitologue, docteur en droit, fondateur et directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), est intervenu le 8 décembre à l’occasion du 29e congrès national de la Coordination Rurale qui se déroulait au Puy du Fou en Vendée. Sa prise de parole a porté sur les conséquences géopolitiques de la guerre en Ukraine et les enjeux pour l’agriculture d’une potentielle adhésion de celle-ci à l’Union européenne.

D’après Pascal Boniface, l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne serait une catastrophe pour l’agriculture européenne.

Au regard des exactions dûment documentées, les premières victimes de la guerre sont le peuple ukrainien. En réponse à cela, l’Ukraine a acquis un statut, qu’elle n’avait pas auparavant, de potentielle candidate à l’UE. Selon Pascal Boniface, s’il faut impérativement et sans condition venir en aide aux militaires et aux civils ukrainiens, est-ce que cela signifie pour autant qu’il faille intégrer l’Ukraine au sein de l’UE ?

En raison des sanctions envers la Russie que seule l’UE applique, celle-ci payera certainement un lourd tribut, et notamment l’Allemagne et la France. L’économie allemande est basée sur les exportations industrielles et chimiques, deux secteurs gros consommateurs d’énergie. Quand le coût de celle-ci est bas, tout va bien, mais quand il augmente, tout le modèle est en difficulté. La France, de son côté, a perdu son ADN stratégique qui consistait à conserver des liens avec Moscou pour ne pas être dans l’obligation de s’aligner sur les positions américaines. L’autonomie stratégique de la France est morte durablement, mais pas éternellement.

Par ailleurs, concernant les sanctions contre la Russie, Pascal Boniface montre qu’elles sont inefficaces voire même contre productives. On a bien vu, lors de l’embargo en 2014, comment la Russie a réussi à s’adapter et devenir autonome.

Si l’UE accepte d’intégrer l’Ukraine, « le projet européen est tout simplement mort ». Beaucoup de secteurs économiques souffriront et, en premier lieu, l’agriculture. L’Ukraine sera bénéficiaire net des aides de la PAC (qu’elle n’aura pas les moyens de financer, charge qui reviendra donc aux autres pays de l’UE) et ses céréales auront un accès direct au marché européen. De plus, l’Ukraine est fortement liée aux USA. À ce titre, elle constituerait un 51e État américain au sein de l’UE.

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