L’année 2022 a été marquée par la guerre en Ukraine, une sécheresse inédite, un déficit pluviométrique historique et une nouvelle crise de grippe aviaire. En dépit de ces facteurs, dans l’ensemble, la production agricole en volume renoue avec la croissance (+0,8 %) selon les chiffres présentés ce jour par la Commission des comptes de l’agriculture (CCAN). La CR demeure cependant très prudente quant à l’apparente bonne santé de la branche agricole en 2022.

En effet, l’augmentation en volume 2022 est minime, et elle ne compense que tout juste la baisse de l’an dernier et pas du tout les baisses des années précédentes.

De plus, toutes les productions n’ont pas vécu l’année de la même manière. Alors que nous notons un fort ralentissement en volume pour les céréales (-10,9 %) et les pommes de terre (-9,2 %), la production globale 2022 a bondi de 32,2 % en viticulture et de 21,8 % en fruits par rapport à 2021.

Néanmoins, la grande inquiétude porte sur les consommations intermédiaires (aliments, énergie, engrais) dont les volumes utilisés sont en baisse du fait d’une hausse spectaculaire des prix. Si la production 2022 a encore pu bénéficier des achats réalisés en 2021 à des prix plus raisonnables, que se passerait-il si les agriculteurs connaissaient une inversion des prix du marché ?

En l’absence de perspectives claires sur les prix, et face à des consommations intermédiaires dont les prix explosent, certains agriculteurs se passent déjà par exemple d’engrais (volumes utilisés -16,6 % et prix +78,4 % en 2022). Ils auront probablement une récolte moindre, plutôt que de prendre le risque d’avoir une récolte qui coûte cher et qui soit mal valorisée.

Si l’on peut se réjouir des hausses de valeur et de prix généralisées à court terme, il faut nuancer ce constat et prendre en considération les baisses de volumes en élevage, lesquelles traduisent une érosion inquiétante du cheptel. Cette décapitalisation, additionnée aux baisses de production en grandes cultures passées et possiblement à venir font peser de lourds risques sur l’équilibre des productions, et surtout, sur notre souveraineté alimentaire.

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