Après un premier rapport paru en 2019, la commission des affaires économiques du Sénat en publie un autre le 28 septembre 2022 qui alerte sur le déclin de la puissance agricole Française et sur l’aggravation de sa dépendance alimentaire. Un constat inquiétant qui ne devrait pourtant étonner personne. En effet, depuis plusieurs dizaines d’années, la Coordination Rurale (CR) ne cesse de crier haut et fort, lors de ses rencontres institutionnelles, de ses manifestations ou encore de ses différentes prises de parole, que la France, à travers sa logique de montée en gamme et sa prétendue vocation exportatrice, amène l’agriculture française droit dans le mur.   Dans le sillage des États généraux de l’alimentation, le gouvernement a voulu positionner davantage notre marché intérieur sur une montée en gamme, quitte à importer les produits plus standards, que l’on ne produirait plus nous-mêmes, par manque de compétitivité. La Coordination Rurale s’est fermement opposée à cette stratégie qui, en imposant aux agriculteurs français des nouvelles normes et réglementations toujours plus restrictives (HVE, contraintes environnementales…) les a encore plus fragilisés.

Aujourd’hui, nous produisons moins, et des produits hauts de gamme – sans mieux rémunérer les agriculteurs - que seuls les plus aisés peuvent s’acheter, le reste est exporté. En parallèle, la France importe des denrées de moindre qualité, produites avec des substances et des modes de production interdits en Europe. Face à l’augmentation ces derniers mois des prix de l’alimentation et de l’énergie, le fossé entre la population va encore davantage se creuser. C’est ce que la Coordination Rurale a une nouvelle fois exprimé aux sénateurs courant juin lors de son audition dans le cadre de ce rapport, leur disant ses inquiétudes sur la stratégie de la Ferme France et les conséquences pour les agriculteurs, mais aussi pour les consommateurs.

« Si le revenu des producteurs français n’augmente pas, demain la puissance agricole française ne sera plus ! L’agriculture biologique a un coût que tous les consommateurs ne peuvent assumer. Plus que jamais, la Coordination Rurale en appelle aux décideurs politiques pour prendre des décisions en rupture avec ce modèle exportateur et milite pour faire de la souveraineté alimentaire une priorité en France et en Europe. Pour y parvenir, la Coordination Rurale revendique l’instauration du principe d’exception agriculturelle par l’UE qui lui permettrait ainsi qu’à chaque pays de déconnecter ses prix agricoles des cours mondiaux. Nous éviterions ainsi que nos agriculteurs disparaissent en vendant à perte et nous pourrions sécuriser les prix à la consommation tout en garantissant notre souveraineté alimentaire », explique Bernard Lannes, président de la CR. N’attendons pas le prochain rapport du Sénat car il sera alors trop tard pour apporter les solutions. L’agriculture française ne pourra être compétitive que s’il y a encore des agriculteurs demain pour faire tourner la machine.

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