Le 23 novembre 2016, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) votait un avis « La transition agroécologique : défis et enjeux ». Sur 182 votants, 156 se sont prononcés pour, 26 se sont abstenus, 2 ont voté contre. Parmi ces votes en défaveur, celui de Véronique Le Floc’h, la représentante de la Coordination Rurale, qui nous explique cette position.

Pourquoi avoir voté contre cet avis ?

« A travers cet avis, je pense que le Cese n’a pas répondu à la question qui consistait à dire si l'agroécologie apportait oui ou non plus de résilience aux exploitations et si elle était la solution face aux crises. On a fait le procès de l'agriculture ! D'ailleurs le titre de l'avis a été changé en « défis et enjeux » En aucun cas, nous les agriculteurs, ne pouvons accepter seuls la responsabilité des pollutions diffuses puisque les doses d'utilisation des intrants validées par l'ANSES sont respectées, voire réduites, ne serait-ce que pour des raisons économiques. L'agroécologie est d'ailleurs pratiquée par beaucoup d'entre nous que ce soit en agriculture bio, en agriculture Haute valeur environnementale (HVE), en biodynamie… ou tout simplement en agriculture conventionnelle. Et puis avec le plan Écophyto, les MAEC… Ce sont autant d'engagements qui existent aujourd'hui sans que n’ait été apportée la preuve que cela résoudrait toutes les crises ! Nous devons aussi penser pérennité et transmissibilité de nos exploitations. Des investissements doivent donc être régulièrement réalisés. Nous ne pouvons pas nous contenter de tenir grâce à des outils amortis ! Sinon quid en termes de projets pour nos jeunes ? »

Quelles sont selon vous les raisons qui ont conduit à son adoption ?

« Sur le principe, l'avis peut faire adhérer si on ne connaît pas la réalité du terrain. Pour moi, il y a confusion entre les produits alimentaires sortis d’usine (avec des procédés qui vont jusqu'à totalement transformer les produits et parfois les dénaturer) et les matières premières agricoles dont la qualité est irréprochable ! D'ailleurs, quelqu’un peut-il citer des cas récents d'intoxications alimentaires dues à des produits de ferme ? Non ! Les progrès sont tels que tout ça n'existe plus ! L'agroécologie est un concept faussement novateur et bon nombre de pratiques sont déjà utilisées par les agriculteurs, pour l’écrasante majorité soucieux de relever les défis énoncés dans l'avis. Par exemple, le non labour et semis direct que la CR promeut depuis bientôt 20 ans à travers le festival NLSD chaque mois de septembre.  Mais cette pratique agro-écologique nécessite souvent un traitement herbicide total avant le semis. »

Comment expliquez vous l’abstention des autres représentants agricoles ?

« Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA, a lui aussi voté contre. Mais ses collègues ont préféré s’abstenir alors même que l’intervention de leur représentante faite en séance appelait à voter contre ! Dans son discours, Stéphane Le Foll a plutôt loué l’évolution et le progrès de l’agriculture au cours des dernières années. Cela a-t-il suffit à les faire changer d’avis ? Le message de Stéphane Le Foll, ambigu, pouvait être synonyme de poursuite de la « voie du progrès » par le productivisme et l’industrialisation, tout en laissant entendre qu’il existait deux agricultures parallèles alors même que pour la CR, l’agroécologie est bien une composante de l’agriculture dans son ensemble. »

Retrouvez plus d'information sur le site du Cese / Avis intégral / Note de synthèse

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