Ce n’est pas en usant de méthodes quasi-terroristes pour détruire des bassines que l’on ouvre un dialogue serein entre les parties. L’aveuglement idéologique des anti-irrigation n’apporte aucune solution efficace face aux conséquences des aléas climatiques ! Afin de relever les défis alimentaires et climatiques qui nous attendent, la Coordination Rurale souhaite faire du stockage de l’eau une priorité nationale.
Les bassines assèchent les nappes souterraines.
Les DREAL contrôlent en permanence les débits et les niveaux des nappes phréatiques et des cours d’eau. Des seuils ont été établis au-dessus desquels des volumes de prélèvements sont possibles. Ces niveaux respectent non seulement la faune et la flore sauvage, mais aussi les débits d’étiage et les besoins des autres acteurs. Autrement dit, les agriculteurs ne peuvent remplir les bassines que quand tous les voyants sont au vert. Cela arrive parfois en hiver, parfois à d’autres moments de l’année en fonction de la pluviométrie. Si des agriculteurs sont à l’origine de demandes, ils ne décident pas pour autant quand et combien ils prélèvent ; ils stockent quand ils le peuvent pour arroser leurs cultures l’été. L’eau est un bien commun qu’il faut se partager quand il pleut en faisant TOUS des réserves (particuliers, villes, industriels et agriculteurs). Tout le monde devrait stocker l'eau l'hiver pour épargner les nappes l'été. En effet, le meilleur moyen de préserver les nappes, c'est d'exploiter en priorité les eaux de surface au lieu de les laisser partir à la mer !
À titre d’exemple, le bassin de la Sèvre Niortaise rejette plus de 75 % des précipitations dans la mer alors qu’il ne faudrait pas dépasser les 30 %. Le premier risque naturel en France, ce sont les inondations, donc contrairement aux idées reçues, ce sont les excès d’eau qu’il faut gérer intelligemment pour ne pas inonder et ne pas en manquer l’été !
Le projet des bassines, c’est de maintenir les cultures intensives.
Il est totalement faux d’amalgamer irrigation et agriculture productiviste ! Selon la doctrine écologiste, l’irrigation servirait uniquement à la monoculture de maïs. Pourtant, tous types de cultures en profitent : des plantes porte-graines à la production de fourrages destinés aux animaux, que ce soit en agriculture conventionnelle ou en bio. L’irrigation fait partie intégrante de l’agroécologie et facilite la diversification des cultures. Elle est indispensable pour la qualité de certaines cultures à haute valeur ajoutée : les fruits, les légumes, les semences. C’est aussi un facteur d’intensification en polyculture élevage qui permet de sécuriser et de maintenir des petites et moyennes exploitations.
Les bassines sont financées à hauteur de 70 % par de l’argent public, et ne bénéficient qu’à 4 % des agriculteurs.
L’irrigation concerne 5,8 % de la Surface agricole utilisée (SAU) et 15 % des exploitations agricoles. Les superficies irriguées reculent. Pour autant, sur les 10 % du territoire national exposés à des épisodes de sécheresse à répétition, le manque d’eau pèse lourdement. (source mission CGAAER)
Les investissements entrepris rendent service à plusieurs générations d’agriculteurs. Il ne s’agit donc pas des bénéfices de certains, mais de l’alimentation de tous ! De plus, les réserves permettent également de remettre de l’eau dans le « circuit » quand elle manque. C’est un bénéfice évident pour la faune et la flore sauvage.
Enfin, au lieu de financer les pertes liées aux dégâts des sécheresses, il est préférable de miser sur la prévention en finançant des réserves.
Les bassines s’accaparent l’eau au détriment d’autres utilisations.
L’irrigation agricole ne prive personne : elle ne représente que 1,1 % des eaux de pluie. On manque de réserves, mais pas d’eau ! La création de réserves d’eau, dites de substitution, permet d’augmenter la réserve d’eau disponible pour l’agriculture sans impacter la quantité d’eau disponible pour les autres besoins de la société. La nature en profite ! Les forages privés (pour les piscines) restent alimentés ; la pêche en eau douce est favorisée par le maintien des cours d’eau qui bénéficient également de la gestion collective de la ressource par la mise en place de tours d’eau. S’opposer aux bassines revient à augmenter les tensions entre les différents usagers !
L’agriculture biologique n’a pas besoin d’eau.
Bio ou pas, la sécheresse est la même pour tout le monde. L’agriculture bio pouvait jusqu’à présent accepter des rendements moindres par la compensation de prix plus élevés et des aides au maintien. Malheureusement, les prix du bio s’effondrent aussi (en partie à cause de l’engorgement du marché et de sa non régulation) et les aides au maintien sont supprimées. Les producteurs bio, comme les autres, veulent des revenus dignes et justes mais pour avoir des revenus, il faut avoir des marchandises commercialisables.
Maintenir, voire augmenter, les prélèvements des irrigants n’est pas la réponse adaptée au changement climatique qui impose à tous des économies d’eau.
Un pays sans eau, c’est un désert ; une agriculture sans eau, c’est la famine ! La loi sur l’eau donne la priorité à l’eau potable qui ne représente que 1 % de la distribution d’eau. Les problèmes d’eau ne sont pas agricoles, une simple mise aux normes des rejets urbains (pluies et eaux usées) fournirait de quoi irriguer la totalité de la SAU de la Nouvelle-Aquitaine ! À titre d’exemple, les fuites du réseau de distribution correspondent à près d’un milliard de m³. Cela représente 35 % de la consommation annuelle de l’agriculture. En demandant (via le Varenne de l’eau) aux agriculteurs de baisser leur consommation, on peut se demander s’il n’y a pas un léger problème de priorités !
C’est l’urgence climatique qui nous impose de réguler le débit des rivières pour ne plus inonder l’hiver et avoir suffisamment d’eau l’été. Sur les continents, la régulation thermique de l’atmosphère est automatique tant que les surfaces exposées au soleil sont couvertes d’eau ou de végétation ; on mesure 20°C de moins dans un champ vert l’été par rapport à un champ sec. Sur des millions d’hectares l’impact climatique est énorme.
Les bassines favorisent l’évapotranspiration.
Contrairement aux idées reçues, l’évapotranspiration n’est pas un problème puisqu’elle alimente le cycle de l’eau. Un bassin versant se vide uniquement par sa rivière. Ce sont les rejets dans les rivières qui amplifient le drainage naturel des sols et assèchent les bassins.
Pour l’approvisionnement en eau potable, le débit des rivières, le remplissage des zones humides et la biodiversité, les bassines sont un danger !
L’eau stockée l’hiver sert à la végétalisation donc au climat et à la biodiversité. Toutes les réserves ornithologiques sont des points d’eau, il n’y a pas de vie dans les déserts parce qu’il n’y a pas d’eau. Les réserves collinaires sont des zones humides !
Si les nappes phréatiques n’existaient pas, nous aurions des réserves d’eau de surfaces équivalentes à nos besoins (potables, agricoles, industriels et nucléaires). Donc, le meilleur moyen de préserver les nappes, c’est d’exploiter en priorité les eaux de surface au lieu de les évacuer en mer !
Les réserves collinaires existent depuis des millénaires parce que c’est le moyen le plus simple et le plus économique d’éviter les inondations et les sécheresses ; on peut même y ajouter des turbines pour fournir de l’énergie. Les réserves collinaires captent les ruissellements de surface (toute l’eau qui coule en amont des sources et des rivières) qui n’entrent pas dans la réglementation des rivières et qui sont libres d’utilisation. Les ruissellements de surface sont source d’inondations et de pollutions, c’est pourquoi le code de l’Environnement prévoit un stockage pour infiltration ou utilisation pour des usages non domestiques comme l’arrosage.
Les bassines contribuent à la baisse du niveau de l’eau dans le marais Poitevin.
Les réserves ne peuvent pas faire baisser les niveaux dans le marais poitevin, au contraire, le fait de ne plus pomper dans la nappe l’été contribue au maintien des niveaux. Le Marais poitevin est inondé l’hiver et à sec l’été parce que les services de l’État ont fait détruire toutes les digues, les retenues et les barrages (dans les 6 000 km² de bassins versants) construits par les anciens pour justement retenir l’eau en amont ! Le marais Poitevin, première zone humide de France, est massivement pollué par tous les rejets urbains. À chaque pluie, les stations d’épuration débordent sans traitement des rejets !
Détruire des bassines = importer notre alimentation ?
La notion de déforestation importée est aujourd’hui bien comprise mais, pour comprendre le non-sens de leur démarche, les destructeurs de bassines doivent comprendre ce qu’est l’irrigation importée.
Ce qui n’est pas produit en France, le sera dans d’autres pays, moins exigeants quant à la protection de l’environnement et de la santé des consommateurs. Restreindre et empêcher de produire des cultures irriguées en France, alors que la ressource est disponible, implique des tensions sur l’eau à d’autres endroits de la planète accompagnées de transports supplémentaires !
L’irrigation est définie comme « non durable » dès lors que la consommation des cultures excède les disponibilités en eau renouvelable en un lieu donné. Dans ces conditions, l’irrigation utilise de l’eau qui devrait être allouée aux flux environnementaux et contribue donc à la dégradation de l’environnement et à l’épuisement des eaux souterraines. D’après les scientifiques, la France figure aujourd’hui au 8e rang mondial des pays importateurs d’eau potable, en raison des fruits et légumes qu’elle importe d’Espagne.
Il convient d’identifier les pays producteurs et consommateurs responsables d’un commerce d’eau non durable et de contraindre les importations liées pour atteindre, dans les décennies à venir, les objectifs de sécurité alimentaire et d’eau durable. Les cultures contribuant le plus à la production de nourriture avec de l’eau non durable au niveau mondial sont le blé, le riz, le maïs, les fruits et légumes, le coton et les graminées fourragères. Au cours de la période 2000-2015, le commerce mondial de l’eau non durable a augmenté de 18 %. L’Inde, les États-Unis, le Pakistan, l’Espagne, le Turkménistan, l’Égypte, l’Ouzbékistan et l’Australie sont systématiquement des exportateurs nets de cultures à base d’irrigation non durable, tandis que le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Chine, la Turquie, la Russie et l’Indonésie sont des importateurs nets.