Suite à la publication d’un rapport d’information portant notamment sur la nécessité d’une régulation de la concurrence spécifique au marché agricole par le Sénateur et Président de la commission des affaires européennes du Sénat Jean Bizet (Manche), la Coordination Rurale a souhaité pouvoir échanger avec lui sur les modalités attenant à la filière bovine.

En effet M. Bizet formulait, par le biais de ce rapport, différentes recommandations pour la filière bovine en se basant sur un constat de décalage entre offre et demande. Afin de répondre à ce problème, il proposait d’abaisser l’âge des animaux de 36 mois à 16/18 mois, et d’ainsi réduire par cette occasion la durée d’engraissement.

Pour Alexandre Armel, responsable de la section Viande de la Coordination Rurale qui a rencontré le Sénateur, « réduire les poids carcasses est une fausse bonne idée : en effet, les éleveurs doivent produire en volume afin de dégager un revenu. De plus, il faudra plus d’animaux pour produire le même volume et cela revient donc à intensifier l’élevage. »

La Sénateur Jean Bizet est néanmoins resté à l’écoute des propositions de la CR, et les deux partis se sont accordés sur plusieurs points, comme la nécessité de déterminer des marchés stables à l’export dans l’objectif d’être moins dépendant des marchés italiens et espagnols. Aussi, les acteurs de l’aval de la filière (distribution, restauration, etc.) pensent à tort que la viande de jeunes bovins de race à viande ne correspond pas aux attentes des consommateurs français. Or, une étude de l’Institut de l’Élevage démontre que ce type de viande est bien adapté au marché hexagonal. Il est donc nécessaire que ces acteurs jouent leur rôle dans l’écoulement de la viande jeune. Un point de discorde est néanmoins apparu concernant l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA). Le Sénateur votera en faveur de l’accord lorsqu’il sera examiné par la chambre haute, au grand regret de la CR.

Propositions de la Coordination Rurale pour la filière bovine allaitante

La prise en compte des coûts de production est indéniablement la première étape à travers une véritable prise en main de la mise en marché à travers de véritables OP n’ayant pas pour unique objectif la saturation de leurs outils de transformation. De plus, il y a nécessité de libérer les zones à fortes contraintes environnementales (Natura2000, etc.) pour garantir une meilleure gestion de la production alimentaire.

Du côté des débouchés, il est primordial de déterminer des marchés stables afin d’exporter notre production d’animaux jeunes pour les diversifier. Cela nous permettrait ainsi d’être moins dépendants des marchés italiens et espagnols dans une moindre mesure, mais aussi d’exploiter l’opportunité de travailler avec les acteurs de l’aval (GMS, restauration collective) pour que la viande mâle soit mise en valeur. De nombreux préjugés sont véhiculés autour de ces viandes (trop dures, moins bonne conservation, etc.). Or, une étude de l’Idele (2015) estime après enquête que la viande de jeunes bovins est apte à répondre aux attentes du consommateur français.

Enfin, pour la CR, un retour vers une production de bœufs (de manière partielle) pourrait permettre une production de viande « mûre » à partir d’animaux mâles, donnant une viande qui correspond aux attentes des consommateurs français.

Dans la même catégorie

Grandes cultures
Alimentation
Économie
Dégâts de gibiers