La Coordination Rurale attendait de la ministre de la Transition écologique la levée de beaucoup d’inquiétudes mais ne sort pas vraiment totalement rassurée de son entretien de lundi matin. Pour autant, la CR est satisfaite d’avoir fait un tour d’horizon des sujets d’actualité tout en présentant ses propositions.

En détail :

Accords de libre-échange et Plan protéines

La CR présente les actions qu’elle a menées dans des ports français ces dernières années pour dénoncer les importations de soja transgénique désherbé lourdement au glyphosate. La ministre indique qu’effectivement il faut travailler à une réelle souveraineté alimentaire pour la France et pour l’Europe en développant notamment les cultures de légumineuses et qu’il faut arrêter de croire en cette vocation exportatrice qui laisse penser qu’on pourrait nourrir le monde. Si la CR critique les accords de libre-échange d’un point de vue économique, la ministre arrive aux mêmes conclusions par le volet environnemental.

Importations toxiques

La CR est revenue sur sa récente lettre ouverte dans laquelle le syndicat, craignant une baisse trop importante de production en Europe, demande à la France et à la Commission européenne de faire un diagnostic des stratégies proposées pour la PAC. Il est clair que toutes les baisses de production entraîneront des augmentations des importations de denrées alimentaires ne répondant pas à nos standards de production. La ministre avait connaissance de l’article 44 mais oublie que dès qu’il est fait usage d’un produit interdit en Europe il ne doit pas entrer sur notre territoire, et ce, même s’il respecte les Limites maximales de résidus (LMR) qui, soit dit en passant, sont justement fixées pour laisser entrer tout et n’importe quoi ! La France et l’UE doivent renforcer leurs moyens de contrôle des denrées importées et protéger la santé des citoyens en baissant les Limites maximales de résidus (LMR) de ces molécules à zéro.

Biocontrôles

La ministre est surprise par des délais de traitement des dossiers posés par l’Anses. La CR lui remonte un exemple d’un dossier d'homologation d'un produit de biocontrôle prêt à être présenté, et qui a été repoussé par l'Anses au printemps 2024, rendant une utilisation possible pour les agriculteurs en 2030 ! L’homologation des produits de biocontrôle est très difficile et très longue, autant que celle des molécules classiques. Cette lenteur pose vraiment problème. D’autant plus qu’on se trompe de cible quand on cherche à taper sur les agriculteurs : on n’a pas d’alternative ; il faut questionner l’Anses et en particulier son directeur qui, dans un échange récent, indique que les biocontrôles coûtent trop cher à l'agence.

Paiement pour services environnementaux (PSE)

La CR présente les difficultés des éleveurs des zones intermédiaires qui, depuis longtemps, ne couvrent plus leurs coûts de production. Ce modèle écologique tend à disparaître ! La réponse de la ministre est qu’ils doivent justement se tourner vers les PSE pour compléter leurs revenus.

Le délit d’écocide

Les agriculteurs sont inquiets, et pour cause, ils travaillent des systèmes complexes diversement encadrés. Les peines proposées par les textes sont très lourdes. En effet, en cas de « violation faite intentionnellement » la sanction est de 7 ans + 1million d’€, pour une entrave «  manifestement délibérée » il est question de 750 000 € et de 5 ans prison.

La ministre s’est voulue rassurante indiquant qu’un agriculteur qui utilise un produit homologué en respectant les règles est protégé. Néanmoins, la complexité de leur enchevêtrement laisse peu de marges de manœuvre aux agriculteurs tenus de les respecter. De plus, compte tenu de la défiance de certains militants environnementalistes, les agriculteurs sont loin d’être à l’abri de poursuites judiciaires intempestives. Et ce, d'autant plus une fois que les nouvelles contraintes du futur plan pollinisateurs limiteront drastiquement les traitements pendant les floraisons.

La CR a également demandé que les sanctions soient proportionnées ! En effet, il ne faut pas traiter de la même façon Lubrizol et un agriculteur !

Plan Pollinisateurs

Il est prévu l'interdiction de tous les traitements phytosanitaires (insecticides, fongicides, éclaircissants, herbicides) pendant la période de floraison, que ce soit en agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique. Des dérogations sont prévues pour permettre leurs utilisations dans les trois heures après le coucher du soleil, éventuellement cinq heures pour les surfaces importantes, et une possibilité de démarrer une heure avant le coucher du soleil pour les zones dangereuses. Ces dérogations concerneront uniquement les produits avec la mention « abeille », ce qui ne concerne que les insecticides.

Un tel plan aura de graves conséquences sur les productions végétales en France. En effet, afin de garantir les récoltes, des traitements doivent être effectués au moment de la floraison, comme par exemple, la tavelure les monilioses ou même l’éclaircissage en arboriculture. Ou alors, lorsque la floraison est étalée comme dans les cultures maraîchères et légumières, si aucun traitement n’est effectué aucune récolte ne peut être garantie. D’un point de vue technique, le délai dérogatoire pour les traitements est beaucoup trop court et insuffisant pour protéger l’ensemble des surfaces sur une exploitation, il faudrait considérablement augmenter le matériel de traitement et le personnel pouvant effectuer les traitements. D’autant plus que tout le matériel n’est pas équipé pour les traitements de nuit, ce qui est un véritable risque pour l’applicateur. La CR se mobilise sur ce sujet !

Caussade

La ministre indique qu’il convient de sortir par le haut et espère qu’une telle situation ne se reproduira jamais. La ministre ne se dit pas opposée aux retenues d’eau mais indique qu’il convient au préalable de diminuer au maximum les besoins et les utilisations. Pour la CR, ce n’est malheureusement pas faire de la prévention...

Prédation

En fin d’entretien, la CR questionne la ministre au sujet de l’hybridation du loup. La réponse de la ministre est qu’elle comprend qu’il faut protéger les éleveurs si on veut protéger les loups et que quoi qu’il en soit elle ne souhaite pas revoir la Convention de Berne.

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