Équilibrer l’offre et la demande au niveau européen, c’est la condition essentielle pour assurer des prix stables et rémunérateurs qui permettent aux éleveurs de porc français de vivre dignement de leur métier et d'avoir des perspectives.

En Allemagne, les éleveurs font face à une crise qui ne s’était pas produite depuis des décennies, les prix des porcs et des porcelets sont extrêmement bas. « La situation catastrophique de l'élevage porcin a atteint une telle ampleur que, avec plus de quatre décennies d'expérience en tant qu'éleveur de porcs, je n'ai jamais connu cela auparavant », explique le président de l' ISN (Groupement d’intérêt allemand des éleveurs de porcs), Heinrich Dierkes : « Chaque jour que dure la crise, de plus en plus de mes collègues allemands abandonnent l'élevage porcin ». Les éleveurs de porcs britanniques ont également le dos au mur. Ils n'arrivent pas à vendre leurs porcs et les coûts de production sont à des niveaux records. Dans le même temps, les prix du porc chutent et les éleveurs enregistrent des pertes financières massives depuis des mois. La situation est très similaire à ce qui se passe en Allemagne. Les producteurs de porcs abandonnent la production ou réduisent leurs troupeaux car ils ne peuvent plus faire face aux pertes, a annoncé la National Pig Association (NPA).

Les éleveurs de porc français ne sont pas épargnés et n'en peuvent plus de ces crises à répétition. Le prix moyen au cadran depuis le début de l’année est de 1.367 €/kg. Ce chiffre est beaucoup trop bas pour que les éleveurs puissent vivre de leur métier dignement. Il est même trop bas pour qu’ils puissent payer l’aliment qui ne cesse d’augmenter.

Aujourd’hui se pose le problème d’une surproduction européenne. En effet, sur 12 mois, au niveau de l'Union européenne, on observe une croissance du volume abattu de +3,7 % en tonne, et +2,9 % en tête.

Évolution du volume de porcs abattus ces 12 derniers mois

Les éleveurs français ne sont pas responsables de la surproduction européenne mais ils subissent tout de même la dégringolade des cours du porc !

De plus, même si les éleveurs ne sont pas non plus responsables de l’augmentation des matières premières, ils en payent pourtant les conséquences ! En effet, les éleveurs porcins ne sont pas épargnés par le coût alimentaire qui a augmenté de 11 % par rapport à 2020. Cette hausse impacte le coût de production d’environ 5 %. Dans le même temps, les cours du porc poursuivent la chute constatée depuis l’été 2021. Entre septembre 2020 et septembre 2021, les cotations ont perdu environ 6 % (source MPB). Dans ce contexte, la hausse des prix d’aliment n’est pas supportable. Les éleveurs ne peuvent que constater les pertes.

La loi Egalim ne change rien à la situation, les éleveurs restent la variable d’ajustement. Il est désormais difficile de croire que le projet de loi Egalim2 résoudra la situation. Les contrats mis en avant par les grandes et moyennes surfaces (GMS) restent jusqu’à présent marginaux, ils ne concernent que quelques exploitations et servent surtout les GMS pour leur communication. Les éleveurs ne sont pas là pour aider les grandes entreprises à se faire bien voir par les consommateurs, il faut des prix pour tous ! Nous ne sommes pas des faire-valoir ! La Coordination Rurale demande de l’aide. Il faut que le gouvernement débloque des aides pour les producteurs, comme cela a pu se faire pour les bovins ou pour d’autres filières telles que la viticulture.

Nous demandons une position claire des politiques français à cette question : voulez-vous encore des élevages de porcs familiaux ? Nous demandons à nos représentants politiques français, élus aux parlements européens, de se battre pour une régulation de la production et qu’enfin cela ne représente plus un tabou.

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