Pourquoi autant d’incompréhensions, de mépris, de suspicion sur notre agriculture ? À en croire les sondages les Français sont encore attachés à leurs agriculteurs, et plus de 60 % d'entre eux sont prêts à payer plus cher des produits français.

Quels sont les reproches faits à nos agriculteurs ? De percevoir trop d'aide financière de l'État et de l'Union européenne. En France les situations et les gestions de ces aides sont irrégulières selon les productions et les régions. On ne cesse d’entendre que notre agriculture est continuellement sous perfusion. Nous tenons à rappeler que tous les secteurs de l'économie et de la vie sociale de la société française touchent des aides de différentes manières. Malgré ces aides une grande partie des agriculteurs, notamment les éleveurs, n'arrivent pas à vivre parce que leurs produits sont achetés à des prix trop bas et souvent vendus à perte (ce qui est interdit par la loi). Plus de 30% des agriculteurs gagnent moins de 350 € par mois, aides PAC comprises.

Depuis des années, la CR demande des prix rémunérateurs : « des prix pas des primes ». Les États généraux de l'alimentation devaient nous apporter des solutions, pour que nous puissions dégager des revenus, nous les attendons avec impatience, mais nous craignons que cette loi n’apporte aucune amélioration sur le revenu, seulement davantage de contraintes pour les paysans. Un grand nombre d'entre eux ne pourront pas s'adapter et disparaîtront, leurs exploitations seront gommées du paysage. Peut-on encore laisser dire que nous sommes des pollueurs et des mauvais gestionnaires d'environnement alors que nous vivons avec nos proches en contact direct avec la nature ? Nous rappelons et affirmons, à chaque scandale sanitaire que nos productions ne sont pas mises en cause, que les responsabilités sont issues souvent de la transformation, de la distribution, voire de l’industrie de l'agroalimentaire.

Nos paysans meurent en silence, de solitude et de manque de considération. En France un paysan sur deux se donne la mort tous les deux jours. Oui, les causes sont économiques mais aussi morales, culturelles et spirituelles. La crise du monde agricole est due en grande partie à tous les accords de libre-échange renforçant les distorsions de concurrence. La CR ne cesse de répéter que la logique ultralibérale est délétère pour l'agriculture.

Pourquoi ne pas favoriser les produits français durables et vertueux quand l’on sait que les consommateurs sont à la recherche de produits locaux et de qualité ? Donnons aux consommateurs les moyens de devenir des consom’acteurs. Alors que nous importons toujours plus de produits alimentaires qui ne répondent pas à nos normes sociales, environnementales ou sanitaires, il est inadmissible qu’en 2018 nous ne puissions pas savoir exactement d’où provient ce que nous mangeons. C’est pourquoi la Coordination Rurale milite pour que soit rendue obligatoire la mention du pays de provenance pour chaque ingrédient des produits frais et transformés.

Nous tenons à rappeler à un grand nombre d'associations et O.N.G. qu'il est urgent d'avoir un dialogue constructif et apaisé. Chaque fois qu'ils tirent à boulets rouges sur notre agriculture française, ils se trompent de combat et mettent en péril un grand nombre d'exploitations. Ils participent ainsi aux importations avec toutes leurs conséquences. Seraient-ils des acteurs actifs de la « désagricolisation », comme a connu la France de la désindustrialisation dans les années 70 ? Nous en mesurons aujourd'hui les impacts sur nos emplois, notre économie, avec des importations massives de divers produits de pays tiers à bas coût, peu scrupuleux des normes et de la vie sociale de leur peuple. Comme le textile, la sidérurgie, les chantiers navals… le retour en arrière ne sera plus possible et les mêmes qui aujourd'hui dénoncent la désindustrialisation, tiendront demain les mêmes discours sur l'agriculture et les savoir faire perdus.

Il y a urgence à ce que les agriculteurs retrouvent leur fierté et leur dignité, ils doivent prendre leur destin en main, mettre fin au désespoir et à la résignation. Ne soyons plus les esclaves d’un système qui nous mène à notre perte. Soyons fiers de représenter une partie du patrimoine français dans nos belles campagnes.

Il est temps de se lever et de sauter le pas vers un avenir meilleur en mettant en place un système basé sur l’exception agriculturelle. Il est temps de rendre l'agriculture aux agriculteurs. « Il est temps que le monde se réveille, il est temps d’avancer maintenant » Paroles issues de la chanson de Frédérique Lerner, Il est temps.

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