Lors de la session Chambre d'agriculture du 27 mars, Bernard Bouchon, Président et élu de la CR33, est intervenu afin de faire prendre conscience à ses homologues qu'il était urgent d'agir pour l'agriculture. Le fossé séparant la France Urbaine de la France Rurale se creusant tous les jours un peu plus, la CR33 ne veut pas baisser les bras et veut aider le monde paysan à sortir de cette situation.

 

M le Président,
Mesdames et Messieurs,

Je veux tout d'abord profiter de cette session de notre chambre consulaire pour adresser mes remerciements au nom de mon organisation syndicale à M le Préfet de région, M Michel Delpuech. En effet, la Coordination Rurale a pu constater avec plaisir une certaine évolution du pluralisme syndical en agriculture. Il reste beaucoup à faire encore. Nous remercions M le Préfet pour son travail accompli dans cette direction et nous lui souhaitons bonne continuation dans la région Rhône Alpes.

Questions d'actualité, point d'actualité

Désormais, deux France s'ignorent et se font face. D'un côté, il y a la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation, heureuse. De l'autre, il y a la France périphérique et des zones rurales éloignées des bassins d'emplois les plus dynamiques. Cette France Rurale qui représente 60 % de la population est laissée pour compte, volontiers méprisée, désormais associée à la précarité sociale.

Tout se passe comme si les protégés et les bénéficiaires de la mondialisation imposaient ainsi aux catégories populaires des politiques économiques et sociétales qu'ils ne subissent pas.

Les agriculteurs sont les premières victimes de ce meurtre du rural. Prenons un exemple : la viticulture. Participez à une réunion du CIVB et participez à une réunion de canton du syndicat des Bordeaux, ce n'est pas la même chose !

D'un côté, la viticulture de la ville, multinationales, commerces et rentes de situation avec voitures et montres de luxe et de l'autre un agriculteur passé d'un statut d'artisan indépendant, rémunéré par la vente de ses produits à celui de cantonnier territorial de l'espace, vendant ses produits à perte et maintenu en survie par des aides non compensatoires et des contrôles à tout bout de champs. Je dis 'contrôles à tout bout de champs' au sens propre comme au sens figuré.

Ce n'est pas la même chose et ce n'est pas tout. L'agriculteur de la ville proche de l'interprofession fait payer à celui de la campagne, dans la souffrance et la précarité, une cotisation dite volontaire MAIS obligatoire pour ériger sa puissance à la ville, fête du vin, cité des civilisations du vin, vinexpo… et cela au nom de la promotion du produit. Comment accepter des règles aussi injustes ??? Les viticulteurs sont excédés car ils subissent une atteinte à leurs revenus, leur liberté d'entreprendre mais aussi leur dignité de paysans !!! Le CIVB fait la promotion d'un modèle économique et sociétal contraire aux intérêts des plus modestes. Faire disparaître la France Rurale est un crime. Nous ne pouvons plus cautionner cela.

Le politique, la classe politique, ne donne pas les orientations nécessaires à un changement salutaire. Face à ce meurtre rural, la Chambre d'agriculture reste la principale organisation avec financement public au service de tous les agriculteurs ...

J'en appelle à l'émergence d'une contre société qui puisse assurer la réintégration économique, politique et culturelle du monde rural. Il est grand temps de faire le constat de l'échec des croyances du modèle UNIQUE.

Je sais que tout le monde ici ne partage pas la même vision de l'avenir. Je ne prétends pas détenir la vérité. Je voulais simplement vous dire mon mal-être de rural qui regarde la ruralité depuis plus de 50 ans dans son évolution et sa dégradation. La volonté de mon propos est seulement d'extérioriser la souffrance de nos campagnes et de m'essayer à comprendre comment nous en sommes arrivés là, mais AUSSI nourrir la réflexion pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve les populations rurales.

M le Président, Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre attention.


Bernard BOUCHON,
Elu de la CR33 à la Chambre d'agriculture.

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