Le massif d’Alaric a été dévasté fin juillet par un incendie certainement d’origine accidentelle. Résultat : 900 hectares ont été ravagés. Heureusement les vignes ont joué leur rôle de pare-feu. Cependant, des champs et des vignes plus ou moins abandonnés ont brûlé.

Je suis exploitant céréalier dans ce secteur et certaines de mes parcelles ont brûlé, les récoltes avaient heureusement été effectuées. Depuis dix ans j’ai nettoyé des parcelles abandonnées et en friches sur les communes de Moux, Fontcouverte et Conilhac pour y cultiver en agriculture biologique des céréales et des protéagineux que je livre à la coopérative bio « Graines Équitables » de Laure-Minervois dont je suis adhérent.

Bien évidemment, je n’ignorais pas les risques climatiques, en particulier la sécheresse et les incendies, ainsi que les dégâts de sangliers. Nous avons donc, avec un viticulteur important de ce secteur lui aussi engagé en agriculture biologique, demandé à un éleveur de moutons de venir pâturer nos champs, terres, sous-bois et taillis en hiver, proposition qu’il a acceptée.

Les premières années, tout s’est bien passé. Les sols des vignes, champs, sous-bois et talus ont été nettoyés par le millier de brebis qu’il élevait. Les deux parties étaient parfaitement satisfaites de cette solution qui ne coûtait rien à personne. Elle permettait de nettoyer et fumer nos terres tandis que l’éleveur pouvait nourrir son troupeau en hiver.

Cependant, des reproches nous ont été adressés concernant le passage des animaux dans des parcelles non-cultivées sans autorisation des propriétaires : des bourgeons rognés par les moutons, les odeurs, etc. Puis sont arrivées les menaces verbales de certains chasseurs suivies de menaces physiques, de dégradations de clôtures et enfin le saccage d’un tracteur pendant une nuit. Nous étions même accusés d’attirer le loup !

Devant cette situation, le berger bien qu’habitant avec sa famille dans un village proche, a décidé de ne plus venir sur cette zone. Depuis lors les terres, friches, sous-bois, talus et bords de ruisseaux se sont de nouveau salis créant une voie royale pour la propagation des feux et le développement des sangliers.

Résultats directs : dégâts environnementaux, agricoles et financiers énormes. Nous avions réussi une gestion économe et vertueuse de l’espace dans ces zones de recul de la viticulture et de l’agriculture. Nous venons de voir le résultat de ces efforts englouti dans les flammes. Il serait intéressant de connaître le coût total pour la société de l’ensemble de l’intervention !

Nous allons tous payer cette énorme facture qui, de plus, va entraîner l’achat de nouveaux matériels anti-incendie : avions, camions et autres, embauche de pompiers, protection civile, etc.

Messieurs les représentants de l’État, nous pourrions peut-être développer localement un atelier de montage et d’entretien des canadairs avec le savoir-faire d’Airbus tout proche qui manque visiblement de travail ! Cette usine permettrait également de créer des emplois utiles.

Si cette solution ne vous satisfait pas, vous devriez maintenir le plus de zones possibles hors feu à moindre coût, avec des troupeaux de moutons et leurs bergers qui ne demandent que cela. Vous permettrez ainsi de les aider à constituer leurs troupeaux tout en s’équipant de filets et de chiens.

Bien évidemment, si des actions adaptées ne sont pas mises en place immédiatement, les départements du sud de la France deviendront des déserts. Les exemples d’autres pays où le feu ravage sont malheureusement d’actualité : Canada, Grèce, Turquie et bien d’autres. La liste ne fera que s’allonger chaque année.

Nous devons tous ensemble mettre en place, avec le bon sens paysan, des troupeaux dans ces zones même si cela entraîne quelques petits dérangements pour certains. En cas de refus, il sera alors nécessaire de mettre en place des obligations d’entretien.

 

Jean-Philippe Rives, Vice-président de la CR 11

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