Rappelez-vous : le ministre français de l’agriculture, Julien Denormandie, après avoir présidé le premier conseil « Agriculture et pêche » le 17 janvier à Bruxelles a décliné le 25 janvier, devant les eurodéputés, les priorités françaises : la réciprocité des normes environnementales pour les produits importés (et l’agriculture bas-carbone).

Le 15 mars, nous apprenons que sous la présidence française de l’UE, le gouvernement espagnol a obtenu de l’Europe un assouplissement temporaire des règles phytosanitaires encadrant l’importation de maïs d’Argentine et du Brésil destiné à l’alimentation animale.

Depuis des années, les gouvernements successifs ont mis à mal la production agricole française et européenne suite à des décisions incompréhensibles, mettant ainsi en péril la souveraineté alimentaire française et européenne. Et nous ne sommes finalement pas surpris d'être désormais obligés de faire appel à l’importation massive pour satisfaire nos besoins.

Mais il est proprement inacceptable et scandaleux d’imposer chaque année de nouvelles normes plus strictes impactant négativement la production européenne, sa compétitivité et ainsi la capacité de nos agriculteurs à vivre dignement de leur travail, et en même temps libérer les importations en allégeant les normes. Cette décision ne fait qu’accroître la concurrence déloyale dont nous souffrons quotidiennement et que l’Europe, sous la présidence française, ne fait qu’aggraver délibérément, en balayant d’un revers de manche les promesses encore toutes chaudes faites 2 mois avant.

Les importations du maïs d’Argentine serviront à l’alimentation des porcs et des volailles espagnoles qui viendront ensuite sur notre marché : un marché commun, mais avec plusieurs règles du jeu… La CR fait des propositions fortes pour maintenir et accroître la production en France, en gardant toujours la volonté de rémunérer les éleveurs qui ne peuvent pas continuer à brader leur production pour s'aligner sur une concurrence déloyale ! De plus, accepter ce type d'importation revient à accroître notre dépendance alimentaire.

Il est temps de mettre les actes en face des paroles et d’arrêter les vœux pieux : il faut redonner à l’agriculture française et européenne la capacité de produire pour assurer sa souveraineté alimentaire et permettre à ses agriculteurs de vivre de leur métier. Un moratoire sur toutes les normes édictées ces dernières années serait à la fois juste et indispensable pour faire face à ce nouvel état de guerre que nous vivons aujourd’hui. Monsieur le Président, il est encore temps de vous ressaisir.

Par François Walraet, Président CR AURA, Membre du Comité directeur de la CRUN

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