Tous les mois, nous reviendrons sur une idée reçue qui colle à la peau des agriculteurs français. Ce mois-ci, nous nous attaquons aux produits phytosanitaires !

Qu’est-ce que les pesticides ?

Pour rappel, les pesticides (également appelés produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires) sont employés dans le but de protéger les cultures en luttant contre l’invasion des mauvaises herbes, des maladies et des organismes nuisibles. En effet, comme tous les organismes vivants, les plantes cultivées sont attaquées par des parasites (maladies, insectes, ravageurs). Le type de pesticide utilisé dépend de la nature de la culture et des menaces identifiées par les agriculteurs. Ainsi, ces produits permettent de préserver les récoltes en quantité et en qualité.

La production agricole est fragile. Elle dépend de plusieurs facteurs, notamment du climat et du développement des parasites. La régularité de la production est fondamentale, pour sécuriser les approvisionnements alimentaires et limiter les fluctuations de prix. Pour le moment, il existe très peu d’alternatives suffisamment efficaces pour être viables économiquement. Il ne faut pas oublier que les pesticides sont un outil de travail et qu’ils ne peuvent être supprimés dans les circonstances actuelles. Il est à noter que les produits phytopharmaceutiques sont utilisés de manière raisonnée et en plus faible quantité qu’il y a une dizaine d’années. Les agriculteurs n’utilisent pas ces produits de façon automatique. En effet, ils coûtent cher et compte tenu du contexte économique actuel, utiliser abusivement ces produits constituerait un gouffre financier impossible à assumer pour les agriculteurs.

Des produits de plus en plus sûrs

Les pesticides homologués aujourd’hui sont d’un usage bien plus sûr que ceux homologués il y a cinquante ans. Ils sont moins persistants et moins toxiques, notamment pour les organismes non-ciblés (pollinisateurs, vers de terre, poissons, etc). Il est illusoire de penser que l’agriculture serait le seul corps de métier qui ne profite d’aucune amélioration. Les progrès agricoles et notamment la protection des plantes sont aussi importants que dans d’autres secteurs d’activité. Les pulvérisateurs ne cessent d’être améliorés et les outils d’aide à la décision se démocratisent de plus en plus.

Ainsi, même si les techniques et outils agricoles s’améliorent de jour en jour, l’agriculture est de plus en plus critiquée. Il est évident qu’il reste et restera toujours des progrès à faire mais c’est l’apanage de tout corps de métier. Jamais depuis 70 ans les agriculteurs n'ont si peu utilisé de produits phytosanitaires, jamais ils ne nous ont donné une alimentation si saine.

Cependant, les débats provoqués par des personnes qui ne connaissent rien à l’agriculture peuvent créer des ravages dans la profession. Ce que l’on appelle l’agri-dénigrement peut en effet inciter certains à commettre des actes qui entravent l’activité agricole (dégradation d’outils de travail, vols de matériel, intrusions en élevage) ou pire encore à s’attaquer aux agriculteurs eux-mêmes (menaces, insultes, agressions physiques), alors qu’ils ne font que leur métier !

Quand les rumeurs et les normes punitives deviennent le quotidien

Les produits phytosanitaires seraient dangereux pour la santé. Effectivement, utilisés sans précaution, ils peuvent présenter un risque. Néanmoins, les agriculteurs connaissent leur métier et en font une utilisation contrôlée pour s’en prémunir et en prémunir les autres. Certaines rumeurs accusent les agriculteurs de traiter la nuit ou très tôt le matin pour se cacher. Or, le but est, toujours dans l’optique de ne pas gaspiller le produit, de l’utiliser à un moment optimal pour qu’il agisse au mieux. Plusieurs facteurs rentrent alors en compte : le taux d’humidité, la vitesse du vent et les températures. Ainsi, l’agriculteur choisira de traiter au moment où il pourra utiliser le moins de produits et de façon la plus efficace.

En plus des accusations proférées à l’encontre des agriculteurs, des normes punitives voient aussi régulièrement le jour. Citons deux exemples : - les ZNT, qui ont pour but d’interdire, sans fondement, tout traitement par pesticide à moins de 150 mètres d'une habitation ; rendant ainsi de très nombreuses surfaces improductives. - la volonté d’interdire le glyphosate sans solutions alternatives pour les agriculteurs et sans pour autant interdire les importations de denrées traitées avec ce même produit. Ces deux situations ne représentent malheureusement qu’un aperçu de toutes les contraintes auxquelles les agriculteurs sont confrontés. L’agriculture française est l’une des plus durables au monde (selon le Food Sustainability Index). Malgré cela, et au nom d’un obscurantisme militant, c'est toute l’agriculture française que l'on sacrifie. Il est alors important de rappeler que sans l’agriculture française, nous serions obligés d’importer notre alimentation de pays qui exploitent leurs terres de façons bien moins responsables et beaucoup plus polluantes que la nôtre.

Encourager les agriculteurs pour voir émerger de nouvelles améliorations, ou les dénigrer eux et leur savoir-faire au risque de les dégoûter de ce beau métier, c’est le choix que tout citoyen doit faire.

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