Pour le ministre de l’Agriculture, l’horticulture ornementale est déjà rangée dans la catégorie des condamnés à disparaître, forfait dont il se lave les mains.

Qu’importe les fermetures d’exploitations, pour la rue de Varennes, si l’horticulture s’effondre, l’importance n'est que toute relative.

A l'indifférence Didier Guillaume ajoute désormais la perfidie. Non content d’avoir autorisé l’ouverture des jardineries pour les plantes ornementales tout en maintenant la fermeture pour les producteurs détaillants, il s’apprête à produire un plan d’urgence pour permettre la commercialisation du muguet. Ne vous méprenez pas : il ne s’agit ni d’un geste de mansuétude, ni d’une mesure pour éviter les catastrophes économiques à venir.

Si le ministre s’inquiète de l’avenir du muguet, c’est selon ses propres termes parce qu’il est produit majoritairement par des maraîchers (1). Nul doute que les supermarchés et les jardineries qui bénéficient déjà des plus grandes indulgences sanitaires seront les premiers bénéficiaires de la générosité ministérielle.

L’ensemble permet de dégager de nouvelles définitions. Avec la politique menée actuellement, les plantes fleuries peuvent entrer dans la catégorie des produits de première nécessité lorsqu’elles ne sont pas produites par des horticulteurs et si elle ne sont pas commercialisées par des producteurs détaillants.

Quant aux aides, elles sont minimes. Le ministère a beau crier à qui veut l’entendre qu’il va faire bouger l’Europe, tous les spécialistes savent que l’horticulture est hors champ des mécanismes européens de l’agriculture. En conséquence de quoi, seul un accord conforme des 27 pourrait débloquer la situation. Ce qui n’est pas à l’ordre du jour.

La Coordination Rurale, qui se bat pour la survie des horticulteurs français, dénonce cette politique inique. Avec amertume, nous constatons la situation dramatique dans laquelle l’État français plonge les exploitations de l’horticulture ornementale. Le gâchis est regrettable mais nullement surprenant. Depuis le début du confinement et plus encore depuis l’autorisation d’ouverture des jardineries, la Coordination Rurale a demandé au ministère d’agir avec prudence et équité. Malheureusement, ce dernier reste sourd aux demandes des professionnels et de leurs représentants. Seules les grandes structures de la distribution ont l’oreille habituellement distraite de M. Guillaume.

Le ministre connaît la situation des professionnels de la filière. Il préfère détourner le regard et fixer son attention sur la distribution qu’il cajole sans la moindre pudeur.

(1) 16 avril 2020, audition de Didier Guillaume devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.

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