Lors du dernier Comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA), le 18 février dernier, certains dossiers ont été recalés. C’est le cas par exemple du Lot, du Cantal et de la Haute-Vienne où les sécheresses répétées ne permettent plus d'atteindre le caractère exceptionnel.

Concrètement, pour prétendre à une indemnisation (en partie payée par les agriculteurs eux-mêmes) il faut justifier des pertes supérieures à 30 % par rapport aux années précédentes. Les mauvaises années se cumulant, les références deviennent mauvaises et le taux de perte n’est plus correctement évalué. De fait, les 30 % de perte par rapport aux années précédentes deviennent impossibles à atteindre.

Or, cela fait cinq ans que les agriculteurs de ces départements subissent des sécheresses consécutives ! C'est tout de même exceptionnel !

La CR, en plus de s’être largement exprimée lors de cette réunion, a écrit au ministre de l’Agriculture pour lui demander d’intervenir à plusieurs niveaux :

  • reconnaissance du caractère exceptionnel de la sécheresse 2020 pour tous les départements concernés afin que les agriculteurs victimes soient indemnisés. De nombreuses exploitations ont besoin de cette aide pour envisager une poursuite d’activité. Des éleveurs ont acheté une fois encore du fourrage dès le mois d'octobre, ce n'est plus tenable. Les éleveurs connaissent non seulement une diminution des quantités récoltées, le foin récolté est de moindre qualité mais il faut, de plus, prendre en compte la perte de fonds, malheureusement durable, qu’a provoqué cette succession de périodes sèches.
  • reconnaissance et intervention sur la perte de fonds. Certaines prairies, dont des prairies naturelles, ne repoussent plus, elles ne se ressèment plus naturellement ! C’est une vraie catastrophe pour la biodiversité. C’est pourquoi, la réponse doit être prise au-delà du CNGRA. La Coordination Rurale demande par exemple qu’un vrai programme pour récolter des graines de prairies naturelles, afin de réensemencer les zones endommagées, soit mené et financé par le ministère de la Transition écologique.
  • révision des critères des calamités agricoles. Non seulement les agriculteurs sont mal indemnisés mais, en plus, ils financent eux-mêmes pour partie leur propre indemnisation. De plus, les critères d'éligibilité (taux de perte et taux de matière sèche notamment) et les références climatographiques sont à mettre à jour.
  • ne pas basculer vers un système assurantiel privé unique. Outre le fait que le manque de moyens financiers empêche les agriculteurs de souscrire à cette charge supplémentaire, nombreux sont les agriculteurs (éleveurs notamment) qui ne trouvent pas d’assureurs prêts à proposer une assurance récolte. De plus, en cas de sinistres trop fréquents, le code des assurances offre la possibilité aux assureurs d’exclure les clients qui déclencheraient trop souvent leur assurance. Les agriculteurs ne seraient plus assurables. C’est pourquoi, le système collectif doit non seulement perdurer mais bien être renforcé.
  • l’État doit se réengager financièrement dans la gestion des calamités agricoles.

Se nourrir étant un besoin vital, la souveraineté alimentaire devant être confortée par le développement d’une production locale, la gestion des calamités est plus que jamais un problème collectif national. Non seulement, il convient de mettre l’accent sur la prévention de tous les risques agricoles notamment en permettant le stockage de l’eau, mais également l’État doit se réengager sérieusement dans le financement d’un fonds de calamités agricoles.

La CR propose notamment qu’en cas de catastrophe les éleveurs aient la possibilité de réduire leur cheptel sans perdre d’aides PAC. Une autre proposition viserait à encourager fiscalement les stocks.

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