Passages à l'acte dans l'indifférence générale
Partis de Charente au milieu de la nuit, bien décidés à se faire entendre et surtout comprendre, la CR86 et ses voisins ont trouvé le stand du ministère de l'Agriculture vide de représentant. Le message était clair : "En France, les paysans crèvent !". Mais visiblement, ils crèvent dans l'indifférence générale et le manque de considération de nos responsables politiques.
Après une minute de silence suivie d'échanges avec les visiteurs du salon, Dominique Pipet, Eric Menanteau et tous les autres ont pu faire passer leur message : trois fois plus de familles d'agriculteurs se sont retrouvées endeuillées par le suicide d'un père, d'un frère, d'une mère en 2016, c'est trop ! Inacceptable, intolérable !
Avec cette action pacifique et symbolique, la CR86 souhaitait honorer en ces lieux la mémoire de "tous les agriculteurs victimes d'une guerre agro-économique impitoyable". Le Salon de l'Agriculture se veut être la vitrine de l'agriculture de notre pays, de notre terroir, de notre richesse. Cette vitrine se doit aussi d'être fidèle à la réalité, même si elle fait mal aux yeux.
La situation catastrophique des paysans subit l'indifférence et l'autisme de nos représentants politiques, qui continuent dans la mauvaise direction.
D'une pierre, deux coups
Le cortège d'agriculteurs s'est ensuite dirigé vers le stand de l'ASP pour dénoncer les retards de paiement, notamment des aides Bio et MAEC.
Frédéric Tournade, directeur délégué régional Nouvelle Aquitaine de l'ASP, et Nicolas Loubert, responsable du service des contrôles à Limoges, ont reconnu de gros dysfonctionnements, notamment dus à des problèmes informatiques, mais aussi à des problèmes de communication avec la région et les DDT... Le serpent se mord la queue, et rien n'avance !
Annie Augras, adhérente de la CR28 et présente sur la manifestation, a interpellé les représentants de l'ASP au sujet de son dossier. Sur 2 800 € d'aides reçues, l'ASP lui réclame 1 540 € de trop perçu sans aucune explication, avec un délai d'un mois pour s'acquitter de cette somme. Encore une erreur des services de l'État, parmi tant d'autres ! « Je vis avec le RSA, explique-t-elle. Le jour où j'ai reçu cette lettre, j'ai pensé que beaucoup d'agriculteurs pourraient craquer et penser au suicide, vu la situation économique dans laquelle nous sommes ». Personne sur le stand de l'ASP n'a pu donner d'explications à ce courrier de recouvrement.
Pari tenu pour la délégation poitevine qui a délivré son message de manière ferme et pacifique
Les visiteurs du Salon de l'Agriculture, eux aussi, ont été très réceptifs au message de la Coordination Rurale. Réceptifs mais étonnés, voire choqués, de voir que la situation des agriculteurs est si catastrophique qu'un si grand nombre d'entre eux ont décidé d'en finir.
Revue de presse non exhaustive de l'action :
La France Agricole - "On perd plus que de l'argent, on perd nos familles"
La Nouvelle République - La Coordination rurale de la Vienne manifeste au Salon
