Lors de la session du 21 novembre 2019, André Baniol, administrateur à la CR30, n'a pas mâché ses mots sur le projet stratégique de la Chambre d'agriculture du Gard, n'hésitant pas à dénoncer la boboïsation de la structure.

« Il y a dans ce projet stratégique deux niveaux : l’un qui concerne le répertoire de l’ensemble des missions de formation et de conseil et qui ne prête pas à un grand débat. Le second niveau est celui qui affiche concrètement ou explicitement une ligne directrice en matière d’orientation agricole.

Votre projet est pour moi inacceptable en l’état bien qu’il balaye très largement le champ des objectifs possibles ou nécessaires en matière de conseil et de formation. En effet, dans sa dimension d’orientation, votre projet affiche un déséquilibre inacceptable entre l’agriculture biologique qui est montée au pinacle et les autres pratiques qu’elles soient conventionnelles ou raisonnées (HVE ou autres) qui elles, sont traitées avec condescendance.

Ce n’est pas l’importance que vous accordez au bio que je critique, parce que nous en avons besoin pour faire face à cette situation complexe avec d’un côté une très forte et très rémunératrice demande, aussi bien sur les marchés de vrac que sur les circuits courts, en France et partout dans le monde, et d’un autre côté de très grandes difficultés techniques, chaque année ou presque apportant son lot d’impasses techniques.

Ce que je dénonce par mon vote négatif, c’est le mépris que vous affichez à l’égard des 80 ou 90 % d’agriculteurs qui ne sont pas en bio et qui sont tous les jours la cible d’attaques diffamatoires et infondées que l’on regroupe aujourd’hui sous le terme d’agribashing. J’assume de considérer que de nombreux producteurs bio et les sectes qui gravitent autour sont à l’origine de l’agribashing. Il m’est régulièrement reproché également par ceux qui, comme Laurent Paillat, ne se privent pas de se livrer dans la presse à la critique de l’utilisation des produits phyto non bio.

J’ai pour principe d’assortir chacune de mes critiques d’une proposition alternative. C’est ce que je ferai par le biais d’une autre motion pour la prochaine session. Aujourd’hui, lorsque l’on s’engage dans une démarche environnementale non bio, on n’a pas d’autre solution pour créer du « storytelling » que de faire du « biobashing ». Ma proposition est que les Chambres d’agriculture se dotent de laboratoires d’analyses et de cellules de riposte médiatique. Laboratoires pour que nous puissions multiplier les contrôles sur les résidus de phytos, pas seulement sur nos produits finis, mais aussi sur les éléments naturels que l’on nous accuse de polluer. Je veux bien que l’on encadre mon utilisation de glyphosate par une analyse de l’eau du ruisseau voisin avant l’utilisation et après l’utilisation. Je veux bien que nous fassions dans chacune de nos communes des analyses de l’eau du robinet, voire de la sortie des forages mais que l’on fasse aussi l’analyse à la sortie des stations d’épuration. Mais aussi parce que j’ai refusé l’an dernier la restriction d’usage du cuivre, j’aimerais bien que l’on puisse savoir ce que deviennent le cuivre ou les vapeurs de soufre que je génère quand je traite le vignoble bio de ma fille.

En guise de conclusion, mon vote négatif sera au-delà du projet stratégique lui-même la dénonciation d’une boboïsation rampante de la Chambre d’agriculture. Et j’appuierai mon vote d’une action syndicale en boycottant tout à l’heure la cérémonie d’hommage à Dominique Granier. »

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