Du Xe Plan au manifeste de la souveraineté alimentaire solidaire : la constante compromission de la FNSEA

 

Le volet agricole du Xe Plan (1989-1992) intitulé « L’agriculture face à son avenir » fut rédigé et cosigné par Louis Perrin (président de l’APCA), Luc Guyau, Henri de Benoist, Henry Jouve, Philippe Mangin, Michel Teyssedou, Charles Pelletier, tous les grands patrons de la FNSEA. On y découvre ainsi avec stupéfaction les grandes lignes de la PAC 92. En voici des extraits significatifs.

La baisse des prix

« Cette politique de baisse des prix doit être suffisamment marquée afin d’éviter que son effet ne soit compensé par les résultats du progrès technique. Dans cette orientation, le prix du marché mondial apparaît comme le prix dont il faut se rapprocher. » (page 29)

Les aides pour compenser la baisse des prix

« Des formules sont imaginables du type d’aides économiques accompagnant une baisse des prix ». (page 77)

La mondialisation de l’agriculture

« Nous sommes résolus à arrêter et repousser le protectionnisme qui a des effets catastrophiques sur la croissance. » (page 70)

Les jachères

« Ainsi la combinaison de baisse de prix et d’un système de retrait de terre pourrait apparaître comme la meilleur solution. » (page 77)

L’agrandissement

« Une stratégie précise doit donc être développée pour favoriser les agrandissements .» (page 63)

Et même le paysan cantonnier…

« Certaines collectivités seraient prêtes à rémunérer des prestations de service d’agriculteurs pour l’entretien d’espaces ou d’ouvrages publics. » (page 64)

Comme ils avaient bien compris que cette politique abominable allait éliminer de nombreux paysans, ils ont même osé écrire (page 95) : « L’effort d’adaptation que cette orientation implique pour l’agriculture française rend indispensable une politique ambitieuse d’accompagnement pour poursuivre sa modernisation. » L’ambition : l’accompagnement des mourants…

Et pour conclure ils déclarent (page 95): « Notre espérance est que ce rapport ne reste pas lettre morte » ! Hélas, ils ont obtenu satisfaction…

On comprend désormais pourquoi ils ont refusé de combattre, avec la CR, la PAC 92 et disaient qu’il fallait « s’adapter, diversifier et relever le défi » ! En 2020, le manifeste pour la souveraineté alimentaire de Jérôme Despey continue d’affirmer qu’il convient de corriger « nos fragilités structurelles et notamment la taille moyenne de nos exploitations » (125 ha) qu’il compare à celle de l’Allemagne (246 ha) ou à celle de l’Ukraine (1 950 ha)...

Voici la preuve indiscutable de la monstrueuse trahison de la FNSEA qui s’est poursuivie avec les PAC successives. Elle a dans ce Xe Plan élaboré le plan de cette PAC 92, cause de tous nos malheurs. En cassant les prix en dessous des prix de revient et en instaurant un système de primes, elle nous a plongés dans l’assistanat qui nous asservit pour le seul bénéfice de l’industrie agroalimentaire (IAA).

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On peut donc affirmer aujourd’hui que la FNSEA n’est plus le syndicat des agriculteurs mais celui de l’agroalimentaire.

 

Que ce soit par ses sections spécialisées (AGPB, AGMP, FOP, FNPL…) qui tiennent chacune des discours différents ou bien au sein des interprofessions dans lesquelles nos représentants sont témoins de discours accablants (comme pour la fin des quotas laitiers ou betteraviers) ou encore dans nos coopératives où des responsables FNSEA agissent régulièrement contre les intérêts des agriculteurs au profit des structures, cela ne fait aucun doute : la FNSEA-JA est bien complice et responsable de l’évolution catastrophique des politiques agricoles européenne et française depuis trois décennies.

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