Détermination, volonté et combativité, tel était le leitmotiv du Congrès de la Coordination Rurale de Mayenne organisé le 7 avril dernier à Laval. Venus nombreux, les agriculteurs de la Mayenne ont eu la chance de trouver en face d'eux trois intervenants tout aussi énergiques traitant de thématiques dans l'air du temps : les abus des politiques agricoles et des normes avec Isabelle Saporta (journaliste et auteure), l’actualité du bio avec Michel Le Pape (président de la section bio de la CR) et les enjeux agricoles européens avec Bernard Lannes (président national de la CR).



Isabelle Saporta : il est indispensable sensibiliser le grand public à la situation des agriculteurs !  


C’est avec un brin d’humour et d’impertinence qu’Isabelle Saporta est venue présenter son dernier ouvrage intitulé « Foutez-nous la paix ! », un titre qui n’est pas sans rappeler le slogan historique de la Coordination Rurale : « Foutez-nous la paix, laissez-nous travailler ! ».
« Au début mon éditeur a refusé ce titre, le jugeant trop familier, j’ai dû insister pour le conserver », raconte-t-elle à un public amusé.  
 
En phase avec la réalité du monde paysan, la journaliste est ainsi revenue sur différents thèmes abordés dans son livre comme notamment les normes ahurissantes qui alourdissent le travail des agriculteurs ou encore le monde des Chambres d’agriculture auquel elle consacre un chapitre entier. A ce sujet, Isabelle Saporta s’est d’ailleurs directement adressée à Bernard Lannes, en l’interrogeant sur la possibilité de changer cette « gabegie » par le biais des élections, mais « avec le mode de scrutin qui donne un avantage considérable à la FNSEA et aux JA ce n’est pas prêt d’être modifié ! » a-t-il expliqué.
 
Lucide, la journaliste a expliqué qu’elle avait plus à apprendre de « vous, agriculteurs » que l’inverse mais à travers cet ouvrage, elle espère sensibiliser « les bobos parisiens » et les « citadins » (auxquels elle assume de s’associer) pour qu’ils prennent enfin conscience de la gravité dans laquelle était enlisé le monde agricole : « A Paris nous le savons, sans monde rural, il n’y a plus de “nous”. Vous devez être conscients que la population est derrière les agriculteurs » a-t-elle conclu.  

Michel Le Pape : l'agriculture bio est une agriculture d'avenir !

Michel Le Pape a ensuite pris la parole pour faire un point sur les projets de la section bio de la CR et les actualités de cette filière. La section bio a pris son essor il y a quelques années. De nombreux agriculteurs bio ou non bio, adhérents à la CR souhaitaient échanger sur ce thème et porter un avis différent de la Confédération Paysanne dans les Commissions. « Il était important de créer une section bio pour instaurer un dialogue », explique Michel le Pape. La CR promeut depuis longtemps avec le festival NLSD le semis direct et les techniques de non labour. De nombreux agriculteurs de la CR pratiquent aussi l’interculture, technique chère à l’AB. « Pour autant, s’interroge-t-il, l’agriculture bio peut-elle résoudre la crise agricole actuelle ? » Selon lui, il est clair que le bio peut donner de nombreux avantages à ceux qui se convertissent car ils gagnent en autonomie et économisent sur l’achat d’intrants. Pour lui le bio n’est pas une réponse ponctuelle mais représente réellement une agriculture d’avenir puisqu’elle permet de redécouvrir l’agronomie et d’entretenir une relation de respect avec le consommateur. Le cahier des charges AB permet de fédérer, de reconnaître des pratiques bénéfiques à l’environnement et de donner de la transparence. Ce cahier des charges peut s’adapter à une multiplicité de profils agricoles. Il n’en demeure pas moins des problèmes dans la traçabilité, des éleveurs bio peuvent alimenter leur bétail avec du soja bio venu de pays en voie de développement. Ces situations, inconnues des consommateurs, contredisent la dimension locale que le bio défend et les modes de certification peuvent être facilement corrompus dans des zones où la puissance publique est défaillante.

Bernard Lannes : il faut rester optimistes et redoubler d'efforts pour défendre notre profession !

Bernard Lannes a conclu ce congrès en revenant sur leur entrevue avec Czeslaw Adam Siekierski, président de la Commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement européen, qui leur a déclaré qu’il était difficile de faire bouger les directions ultralibérales que prend l’Europe. Selon la CR, le système de l’UE ne doit pas pour autant être rejeté. « Il faut rester optimiste, martèle Bernard Lannes, un gros travail de lobbying s’annonce pour la CR afin de mettre en place une vraie régulation de la production agricole et sauver urgemment la filière laitière qui s’enlise. »

Olivier Chemin, président de la CR53, ainsi que les membres du CA remercient les intervenants et les participants pour leur présence. Rendez-vous à l'année prochaine  !

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