Jeudi 3 juin, était organisée au Sénat, par la délégation aux droits des femmes, une table ronde sur le thème : « Être agricultrice en 2021 ». L’objectif, faire un bilan de la situation des femmes dans les territoires ruraux. Plusieurs sujets ont été abordés, comme le statut de conjoint collaborateur et la dotation jeunes agriculteurs pour les plus de quarante ans.

Le statut de conjoint collaborateur

« Aujourd’hui, encore 5 000 femmes vivent sans statut et travaillent dans l’ombre de leur époux sans reconnaissance des divers organismes. Ce chiffre devrait fortement diminuer avec la loi PACTE (promulguée le 22 mai 2019) qui oblige de choisir un statut. Encore faudrait-il qu’elle soit effectivement appliquée ! La réalité du terrain est celle-ci : certaines exploitations travaillent encore en couple, mais il est parfois difficile de dégager deux revenus, et de payer deux contributions à la Mutualité Sociale Agricole. C'est très souvent la femme qui en fait les frais car elle n'a pas de statut. Elle n'est pas femme au foyer, elle est femme à la ferme, ce terme n'existe pas, mais il reste une réalité. En France, il ne faut pas se voiler la face, tant que les exploitations agricoles ne pourront pas être justement rémunérées, cette situation pour ces femmes de l'ombre perdurera. La loi EGALIM a été pensée pour que les agricultrices et agriculteurs puissent enfin vivre du fruit de leur travail mais la réalité est tout autre, et on le voit, puisque même le gouvernement met en route EGALIM II… Où cela nous mènera-t-il ? Cela permettra-t-il enfin de répondre au manque de revenu et surtout cela permettra-t-il à ces 5 000 femmes de l’ombre d’exister… ? Une solution alternative existe : le statut de conjointe collaboratrice. Cependant, il contribue à fragiliser les agricultrices en créant une situation de dépendance. C’est pour cela que nous militons à la Coordination Rurale pour que ce statut soit limité à 5 ans avant de choisir soit le statut de cheffe d’exploitation soit celui de salariée ; ou bien alors que la femme trouve un épanouissement personnel dans un emploi à l’extérieur, qui lui garantirait les pleins droits (retraite décente, droit à la maladie, mais aussi la protégerait en cas de divorce ou de veuvage). » explique Natacha Guillemet. Malgré tout, ce statut permet une prise en charge des risques liés aux accidents, aux maladies professionnelles, congé maternité, accès à la formation professionnelle continue et un minimum de prestations vieillesse. Le supprimer serait une erreur !

La Dotation Jeune Agriculteur après 40 ans

Lors de cette table ronde, la Dotation jeune agriculteur (DJA), aide au démarrage, a été discutée, notamment au niveau des sénatrices. La CR s’est dite favorable à une aide au-delà de 40 ans pour, entre autres, favoriser l’installation des femmes en agriculture. « À la Coordination Rurale, nous pensons qu’il faut faire évoluer cette aide à l’installation afin qu’elle soit en phase avec la réalité du terrain. Nous ne devrions plus parler de « jeunes agriculteurs », mais de « nouveaux installés ». Nous le voyons, de plus en plus d’agriculteurs s’installent sur le tard, notamment des femmes. Ajoutez à cela qu’en 2019, 55 % des agriculteurs avaient plus de 50 ans, et vous comprendrez qu’il faut que nous soyons plus réactifs et réceptifs aux besoins réels de ces futurs agriculteurs. Cette proposition en est une » explique Natacha Guillemet.

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