La colère gronde aux alentours de Castelsarrasin et de Montech. En cause : un projet d’implantation de deux parcs de 4 ou 5 éoliennes sur les communes de Cordes-Tolosannes et Labourgade. La Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne rejoint les rangs des opposants en se positionnant contre ce projet.

Des verrues sur le territoire au milieu de sites remarquables

A proximité immédiate de ce projet de grande ampleur, se trouvent de nombreux sites remarquables. Tout d’abord l’abbaye de Belleperche sur la commune de Cordes-Tolosannes, classée monument historique depuis le 29 mai 2001. Quiconque s’intéresse un minimum au patrimoine et à l’architecture ne peut rester de marbre face à ce monument.

Autre site remarquable, le château de Terrides sur la commune de Labourgade, magnifique bâtisse en briques rouges construite au XIIIe siècle par les vicomtes de Terrides. François Ier y descendit le 20 septembre 1572. Quelle aurait été sa réaction en découvrant de gigantesques éoliennes dans le paysage ?

Enfin, pour refermer la page patrimoniale, faisons un petit focus sur le patrimoine naturel de la vallée de la Garonne, classée Natura 2000. Notons que la retenue de Saint-Nicolas-de-la-Grave, située quelques kilomètres du projet éolien, est à ce jour le premier site d’hivernage des oiseaux de la région. La Garonne et la retenue de Saint-Nicolas sont de véritables oasis faunistiques et floristiques. Elles ont de fait un rôle majeur dans la qualité paysagère remarquable du sud du département.

Il n’y a donc pas que des pommes, des vaches et des oiseaux sur ce plateau.

Ajouter des nuisances aux nuisances ?

La zone militaire installée en 1923 accueille encore des sapeurs du 17e RGP (Montauban) et du 31e régiment du Génie (Castelsarrasin). Elle accueille du reste des gendarmes et des policiers Tarn-et-Garonnais, et quelquefois des départements voisins. Le tracé de la ligne LGV Toulouse-Bordeaux prévoit de surcroît un passage sur le nord de la commune. Entre les détonations des balles et le bruit des trains à venir, pourquoi ajouter des nuisances dues aux éoliennes ?

Pour mieux comprendre pourquoi les 8 à 10 éoliennes prévues feraient office de verrues dans cet environnement préservé, il faut s’imaginer des mats de 105 mètres de haut sur lesquels seront fixées des pâles des 75 mètres de long. En bout de pâles, nous arrivons à une hauteur de 180 mètres. Plus haut que les tours aéroréfrigérantes de la centrale nucléaire de Golfech qui culminent à 178,5 mètres ! Rappelons que nous sommes sur un plateau avec un dénivelé faible. Dès lors, les éoliennes pourraient être visibles à plus de 30 kilomètres par endroits. Dans le cas présent, la distance de visualisation annoncée fait état d'un rayon de 6 kilomètres... Rappelons que les cheminées de la centrale nucléaire de Golfech sont visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Pour la Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne, ce projet d’éoliennes outrepasse tous les intérêts faunistiques, floristiques, cynégétiques, paysagers et patrimoniaux. Avec les quelques 400 mètres cubes de béton et les 40 tonnes de ferrailles nécessaires aux « fondations » de chaque éolienne, le façonnage des chemins d’accès, les tranchées pour relier l’éolienne au réseau et surtout le peu de vent présent dans cette zone, la Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne dénonce une artificialisation des sols à peine cachée et un potentiel désastre écologique.

Les éoliennes et les potentielles nuisances sur les Hommes

Avant de commencer à détailler les nuisances associées aux éoliennes, voici les deux premiers articles de la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé :

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soit sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale. »

La présence d’un parc éolien est-elle compatible avec la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé ? Pas si sûr…

Le syndrome éolien

La Coordination Rurale s'inquiète particulièrement des nuisances dues au syndrome éolien. Dans un rapport sur les éoliennes terrestres publié en mai 2017, l’Académie de Médecine qualifie ainsi le syndrome des éoliennes :

« Est regroupé sous ce vocable un ensemble de symptômes très divers rapportés à la nuisance des éoliennes. On peut schématiquement les distinguer en : - généraux : troubles du sommeil, fatigue, nausées, etc. ; neurologiques : céphalées, acouphènes, troubles de l’équilibre, vertiges, etc. ; - psychologiques (stress, dépression, irritabilité, anxiété, difficultés de concentration, troubles de la mémoire, etc.) ; - endocriniens (perturbation de la sécrétion d’hormones stéroïdes, etc.) ; - cardio-vasculaires (hypertension artérielle, maladies cardiaques ischémiques, tachycardie, etc.) ; - socio-comportementaux (perte d’intérêt pour autrui, agressivité, baisse des performances professionnelles, accidents et arrêts de travail, déménagement, dépréciation immobilière, etc.). »

L’Académie relève certes que tous ces symptômes ne sont pas spécifiques aux éoliennes et relèvent plus des intolérances environnementales idiopathiques. Il n’en demeure pas moins que ces symptômes, souvent cumulés, sont bel et bien monnaie courante à proximité des parcs éoliens. Et paradoxalement, l’Académie de Médecine met en perspective l’une des causes probables de tous ces maux : les basses fréquences et les infrasons, les nuisances sonores générées par les éoliennes étant par ailleurs fréquemment soulignées. En effet, il convient de différencier le bruit entendu et le bruit résiduel (bruit de fond, basses fréquences). Le bruit entendu est celui qui vient s'ajouter au bruit de fond, toujours présent, mais que l'on n'entend plus. Par habitude. Une inquiétude supplémentaire naît lorsqu’on apprend que les éoliennes qui seraient installées sur Labourgade et Cordes-Tolosannes émettraient des fréquences à 80 mHz.

Pour rappel, les basses fréquences se situent entre 20 Hz et 100 Hz, les infrasons en dessous de 20 Hz.

L’Académie de Médecine évoque trois méfaits directement liées aux nuisances sonores et infrasonores. La première est une stimulation de l’oreille interne. La deuxième est une stimulation des organes viscéraux. La troisième relève des troubles du sommeil. Chacune apporte son lot de réactions du corps humain et les symptômes dits « idiopathiques » ne le sont donc pas forcément…

La Coordination Rurale constate que les maux liés aux éoliennes à proximité des habitations sont nombreux, documentés et inquiétants.

Les éoliennes et les potentielles nuisances sur les animaux

Si les humains souffrent de ces maux et le disent, les animaux les subissent en silence. Dans la mesure où les humains sont impactés, les animaux le sont potentiellement tout autant. Ils ressentent les effets de l’électricité et des ondes électromagnétiques différemment de nous, mais ils les ressentent bien.

Éoliennes et perturbations comportementales des animaux

L’éolienne, de part sa structure, diffuse de l’électricité de plusieurs manières. Les éoliennes captent l’électricité statique communiquée par l’air ambiant pour la rejeter ensuite dans le sol, au niveau de leur base. Un câble de triphasé à 20 000 volts (tension du réseau national ERDF) enterré entre 50 cm et 1 mètre évacue l’électricité produite par le mouvement des pâles. Toutes les installations électriques peuvent avoir des courants de fuite. Les effets de la propagation du courant dans le sol est d’autant plus forte lorsque le courant de fuite est important ou qu’il arrive sur un sol humide (l’eau est un conducteur redoutable).

Il suffit de lire la liste des symptômes évoqués pour le syndrome éolien chez l’humain pour ne plus croire que les animaux passeraient outre. De nombreux témoignages font d'ailleurs état d’animaux stressés, de mortalité accrue ou d’avortements, d’une augmentation du taux de cellules dans le lait, d'inflammations, de mammites, d'animaux agités, etc. Comme nous, les animaux ont une activité électrique notamment cardiaque (électrocardiogramme) et neurologique (électroencéphalogramme). Il est aisé de comprendre l’inconfort voire les pathologies attribuées pouvant naître après un contact avec une surface ou buvant une eau chargée d’un autre courant.

La géobiologie au secours des éleveurs
Nombreux sont ceux qui se tournent vers un géobiologiste. La géobiologie évoque l’étude de la Terre (géo) et de la vie (bio). Discipline ésotérique s’il en est, elle permet pourtant parfois de trouver des solutions aux problèmes attribués aux éoliennes (champs électromagnétiques, fuites de courant, etc.). En étudiant l’impact de l’environnement immédiat sur les terrains et sur les troupeaux, la géobiologie, qui n’est pas de la magie, peut être un premier niveau de protection lorsque les mesures prises par les promoteurs sont insuffisantes ou inexistantes. La Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne conseille à tout éleveur qui constaterait des modifications sur l’état général de son cheptel ou de sa production à les signaler, preuves à l’appui et sans délai, aux autorités compétentes (Chambre d’agriculture, DDT, Préfecture, EDF).

Certaines exploitations ont rencontré et rencontrent toujours de profondes difficultés liées à l’installation de parcs éoliens à proximité de leurs fermes, à l’image des Potiron à Nozay. Rappelons également qu’à quelques encablures du projet de parc éolien, se trouve la retenue de Saint-Nicolas-de-la-Grave et les berges de la Garonne, classées Natura 2000. Cette zone du département jouit d’une faune abondante et se trouve sur le passage des oiseaux migrateurs. Ils s'y arrêtent souvent nicher et nous redoutons l'impact des éoliennes sur l’avifaune et la gestion cynégétique des espèces.

Les éoliennes et les nuisances sur la qualité de vie

Outre le bruit, sans conteste la nuisance la plus répandue, la pollution visuelle et son impact psychologique est également prépondérante.

Effet stroboscopique et dépréciation immobilière
L'aspect visuel peut d'abord être désagréable. De par leur taille monumentale et leur positionnement en milieu rural, les éoliennes percent l’horizon. En outre, leur effet stroboscopique est particulièrement déstabilisant pour les habitations à proximité immédiate. Leur installation a d’ailleurs un impact direct sur la dépréciation des prix de l’immobilier. En effet, la Chambre des notaires annonce une dépréciation moyenne de l’ordre de 12 %. La dépréciation est d’autant plus forte que la valeur initiale du bien est importante ou que la distance avec les éoliennes est courte. La jurisprudence existe quant à la dissimulation d’un projet éolien au moment de la vente de sa maison : un couple de Bretons a été condamné à reverser 30 000 € à son acquéreur à qui il avait omis de signifier le projet de parc éolien. D’autres exemples similaires existent et sont accessibles sur Internet.
Labels touristiques et projections de givre
Les hébergements touristiques seront également concernés, à l’image de l’attestation du 14 janvier 2016 signée de la main de Ludovic Duris, alors responsable du Relais des Gîtes de France de l’Indre en Berry, qui indique l’arrêt de toute labellisation des structures situées dans les zones d’implantation des parcs éoliens.

Il ne faut pas oublier qu'en hiver, le mouvement des pâles peut entraîner des projections de givre. Elles se mesurent en kilos et peuvent projeter des morceaux de glace à des dizaines de mètres. Les promeneurs ou les chasseurs se mettent donc en danger lorsqu'ils approchent les éoliennes, mais aussi quand ils se trouvent dans l’alignement des pâles.

Le nombre d’exemples relevés est tellement important qu’il n’est pas possible de les énumérer ici. La maintenance, le démantèlement post-exploitation et la remise en état du terrain sont encore à prendre en compte. Ils sont même parfois à la charge du propriétaire !

Non à ce projet d'éoliennes !

La Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne n’est pas contre l’énergie éolienne ou les projets d'énergies renouvelables par principe. Nous nous opposons aux projets menés au pas de charge et représentant une menace pour l’environnement, les hommes et les animaux. Les projets éoliens doivent être des projets de territoire. Ils doivent être acceptés par les populations locales et respecter les enjeux locaux. La durée de vie moyenne d’une éolienne court de 25 à 30 ans, il ne s'agira donc pas de faire machine arrière une fois le mal fait. Par ailleurs, la Coordination Rurale du Tarn-et-Garonne voit un meilleur compromis dans l'énergie photovoltaïque qui permet la plupart du temps une utilisation agricole des supports (hangars, petits ruminants dans les champs photovoltaïques, etc.).

La CR82 est par conséquent opposée au projet de parc éolien sur les communes de Cordes-Tolosannes et Labourgade.

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