L'organisation de l'enseignement professionnel agricole est directement impactée par la mise en œuvre de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, votée il y a quelques mois et qui avait fait l'objet d'un grand nombre d'interventions de notre syndicat. Aujourd'hui, place à sa mise en œuvre. Depuis fin décembre, les textes d'application sont dévoilés, et parmi eux, ceux encadrant le fonctionnement et la composition des instances en charge de l'élaboration des référentiels et des certifications.

Le mécanisme d'élaboration des diplômes saucissonné Nous le craignions à l'époque, et cela est confirmé aujourd'hui, la place des professionnels agricoles dans les processus d'élaboration des référentiels est strictement encadrée. Ainsi, le dispositif actuel est remplacé par deux structures séparées. La première composée de professionnels (employeurs et salariés) de l’agriculture et de l’agroalimentaire, la seconde des autres acteurs (enseignants, organismes de formation...). Chacune des entités se verra attribuer un périmètre spécifique dans l’élaboration des diplômes. Les professionnels parleront de compétences et de savoir-faire, et uniquement de cela. Le second groupe se limitera aux examens et à la certification.

Désormais, pour l’élaboration des diplômes, les professionnels, les enseignants et les experts ne travailleront plus ensemble. C'est justement ce travail en commun, même s'il était parfois complexe, qui a permis à l'enseignement agricole d'exceller en matière d'employabilité des jeunes diplômés.

Le pluralisme syndical sacrifié Plus grave encore, la représentation syndicale agricole est réduite à son strict minimum et diluée avec les représentants de l’agroalimentaire. La commission des professionnels et ses groupes de travail ne comptent que deux places délibératives pour les représentants de la profession agricole (FNSEA et l'UNEP) et 3 pour ceux de l’agroalimentaire. Les autres structures, dont la Coordination Rurale, sont invitées sans pouvoir prendre part aux votes. On peut craindre une vision unique et partiale de la formation agricole, qui répondra prioritairement aux attentes d’une politique agricole dont nous connaissons les travers et les erreurs. Quelle peut être la représentativité de ses structures, alors que la majorité des professionnels en seront exclus ? Comment rendre compte, au sein de ses instances, des attentes de tous les agriculteurs ? Ce n’est là qu’un des multiples problèmes que pose cette future organisation. L’agriculture n’étant plus le seul sujet de conversation, quelle place aura-t-elle dans ce fourre-tout ? Côté employeur, la FNSEA sera le seul syndicat agricole (l’UNEP est un syndicat de paysagistes). Quant aux organisations représentatives des salariés, elles devront choisir un unique représentant et devront trancher, sans doute sur la base de leur effectif, entre agriculture et agroalimentaire. Les futurs diplômes agricoles seront en réalité votés sans représentants de l’agriculture ou presque.

En conclusion... Ce qui se joue ici est l'avenir de l'enseignement agricole. La précédente organisation, si elle donnait lieu à des débats houleux et de longues discussions, avait permis au fil des années de proposer un enseignement varié, répondant aux attentes des professionnels en matière de professionnalisation et des jeunes en matière de cursus de formation et d'employabilité. L'association agriculture et agroalimentaire n'apporte pas de plus-value à l'élaboration des diplômes, mais la séparation des acteurs de l’enseignement agricole est une régression notable, tout comme la disparition du pluralisme syndical.

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