La Coordination Rurale de la Vienne se félicite de voir la liste FNSEA 86 – JA reprendre le thème des prix rémunérateurs qu’elle défend depuis 1992. Il est nécessaire de rappeler que se sont les dirigeants de ces mêmes syndicats qui ont concoctés la PAC avec le X ème plan dans un rapport intitulé «l’agriculture face à son avenir». Cette PAC que nous subissons aujourd’hui et qui nous impose des cours mondiaux à très haute volatilité, des aides compensatoires jamais adaptées, sans oublier tout le cortège des contrôles tatillons et humiliants qui ont poussé certains agriculteurs au suicide.



A propos d’installation et face au véritable « parcours du combattant »  imposé aux futurs candidats à l’installation, bon nombre d’entre eux préfèrent s’abstenir de toutes demandes d’aides et la conséquence aujourd’hui se solde par un nombre d’installations non aidées supérieur au nombre d’installations aidées.

La Coordination Rurale s’étonne mais sans surprise de voir les deux organisations syndicales FNSEA et JA, à la veille des élections, réclamer la simplification des contraintes administratives pour l’installation alors qu’elles ont contribuées à les mettre en place et qu’elles les cogèrent depuis toujours.

Une belle façon de se présenter en Chevalier blanc, facilitateur de passage d’obstacles (sous réserve d’adhésion éventuelle) en tentant d’effacer un rôle de pompier pyromane.

L'affaire Chaboisson:  comment la FNSEA gère une situation de crise ?

Nous avons aussi un  exemple de gestion de crise du syndicat FNSEA-JA, il s’agit de la gestion de la faillite des Ets Chaboisson  :  lors des premières réunions en février 2002, la FNSEA et le syndicat JA demandaient aux agriculteurs créanciers de ne pas participer à la création d’un syndicat de défense et de recours car selon elle la faillite était due a un pillage par des créanciers lourds dont le président de la Coordination Rurale de la Vienne initiateur du projet de défense ! Il se trouve qu’après plus de 10 ans de procédures, et malgré tous les barrages, c’est ce même président dénigré qui, après avoir créé envers et contre tous, le syndicat de défense, a réussi à conduire l’action. Cela a abouti à la condamnation des gérants Chaboisson pour faillite frauduleuse, la condamnation du commissaire aux comptes et de l’expert comptable. Tout ceci faisant aujourd'hui jurisprudence. L’épilogue va avoir lieu en 2013 avec au moins 60% et peut être plus de la valeur des créances recouvrées.

Le prix des céréales aujourd'hui est le même qu'il y a 30 ans

Concernant la position de la Confédération Paysanne qui juge le revenu des céréaliers indécents, nous tenons à apporter quelques précisions :

1) le prix des céréales aujourd’hui est identique en monnaie courante au prix pratiqué il y a trente ans. (1982)

2) l’exposition des céréaliers aux cours mondiaux implique une très forte volatilité des cours qui peuvent varier de 100 € / tonne à  250 € / tonne. Cela impose de pouvoir provisionner les années hautes pour faire face aux années ou les cours sont très largement au dessous des coûts de production.

3) Pour couper court à toute polémique stérile, la CR demande depuis de nombreuses années deux index base 100 sur lesquels seraient mesurées les variations réelles des cours et du revenu agricole.

En effet lorsque les cours sont descendus très bas, une augmentation des cours même faible représente un pourcentage important et trompeur. Il en est de même pour le revenu agricole

4) la véritable indécence est le niveau et le mode de calcul des retraites des agriculteurs.

Ce n’est pas en diminuant les aides compensatoires des céréaliers, déjà fortement amputées par la modulation, le prélèvement du bilan de santé de la PAC et le coefficient stabilisateur budgétaire, que l'on trouvera la solution à la crise de l’élevage.

Aider les éleveurs sans financer la filière de l'industrie agroalimentaire

Les prix de vente de l’éleveur doivent être à la hauteur de ses efforts. Ce n’est pas avec la contractualisation telle que la propose la FNSEA que nous pourront y parvenir

Seules des organisations de producteurs fortes de type APLI et EMB pourront faire face à l’industrie agroalimentaire afin que la valeur ajoutée puisse être répartie de façon équitable entre les différents acteurs de la filière,

Sans cela, la facilité qui consiste à se contenter d’amputer les aides des céréaliers permettra une fois de plus de comprimer les prix des éleveurs et l’aide des céréaliers finira dans la poche des acteurs les plus forts de la filière (l’industrie agroalimentaire) sans résoudre le problème des éleveurs (*)

Concernant la situation catastrophique du revenu des éleveurs et par conséquent la disparition d’une partie des troupeaux.

Si nous sommes en accord avec nos concurrents pour un élevage rentable dynamique et autonome,  nous ne sommes pas en accord sur les moyens pour y parvenir.

Tout d’abord il faut être aux côtés des producteurs (maintien des quotas laitiers, grève du lait, soutien à l’APLI)  et pas du côté de l’Agrobusiness dont l’objectif est d’obtenir une  matière première à bas prix.

Il n’est pas possible de prôner la défense de l'élevage et du maintien des prairies comme le font certains de nos concurrents qui dans le même temps apportent leur soutien à des organisations environnementalistes qui condamnent la consommation de viande.

Nous sommes pour l’autonomie alimentaire des troupeaux, qui permet au maximum de s’affranchir de fournisseurs du type Glon-Sanders filiale de Sofiprotéol dont le Président est aussi Président de la FNSEA.

Nous demandons la sortie de l’agriculture de l’OMC qui impose l’importation de soja et l’exportation de céréales, nous empêchant de cultiver des protéines végétales, alors que ces cultures présentent de nombreux avantages agronomiques.

Nous demandons l’assouplissement de  l’obligation de maintien des prairies qui empêche certains éleveurs de cultiver quelques ha de céréales et protéagineux  pour être plus autonome en paille et aliments.

Le métier d’éleveur est pénible, un revenu à la hauteur des sacrifices consentis permettrait des créations d’emplois et des conditions de vie acceptables. Ceci permettrait de ne pas décourager les éleveurs qui restent grâce à  la vocation. Comment accepter de travailler pour l’équivalent d’un  smic avec 70 heures de travail par semaine ?

Dans la chaine du producteur au consommateur, les maillons, transformation et distribution doivent accepter un meilleur partage de la valeur ajoutée sous peine de faire disparaître l’élevage de notre pays.

Comme cela a déjà eu lieu a plusieurs reprises dans le passé à l’occasion des élections de la chambre d’agriculture, la Coordination Rurale de la Vienne considère qu’un grand débat public permettrait à chaque liste de préciser son programme et ses différences.

Eric Menenteau

(*) 100 euros prélevés aux céréaliers ne parviendront jamais dans les mêmes proportions aux éleveurs.

 

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