La salle Sully était surchauffée, remplie de 55 « parties prenantes » et d’une dizaine de fonctionnaires. Cela laisse peu de temps à chacun pour s’exprimer mais ce qui est dit est entendu par tous les représentants des organisations présentes à cet atelier des EGA.

Après l’introduction, place à la présentation des co-présidents (Serge Papin, PDG de Système U, et François Eyraud, DG Danone Produits frais), du coordonnateur Olivier Alain, des syndicats agricoles, de Coop de France, de l’Ania, de la FCD et de l'UFC-Que choisir qui ont eu droit chacun à 5 minutes pour exprimer leur point de vue après une présentation succincte par 3 « experts » du service des statistiques du ministère de l’Agriculture, de l’OFPM - les deux faisant clairement référence à un problème de prix agricoles trop bas -, du think tank agroalimentaire du journal Les Échos, celui-ci intervenant en dernier pour bien nous mettre sur les rails de l’ « économie ouverte » en indiquant qu'un prix ne peut pas être politique, la solution basique d’augmenter les prix n’est pas la solution unique : il faut baisser les coûts de production, se protéger contre la volatilité et exporter pour alléger l’offre !

La PAC ? Pas à l'ordre du jour...

Lors de son intervention la CR a demandé qu'il soit aussi traité de la PAC qui est la principale cause des problèmes de prix alignés sur les plus bas mondiaux. Réponse immédiate d’Olivier Alain : on ne peut pas en parler ici ! La PAC, il faut faire avec et nous sommes là pour trouver des solutions françaises...

Il y a eu ensuite 8 tables rondes, chacune étant appelée à affiner le diagnostic et à ébaucher des solutions. Lors des restitutions, il a souvent été évoqué le problème des prix trop bas payés aux agriculteurs ou des prix déterminés pour le consommateur dont on déduit celui que pourra percevoir le producteur. La CR a été la seule à faire une proposition très concrète : la libéralisation de la vente des céréales pour que les éleveurs gagnent en compétitivité.

Puis il y a eu la présentation de 4 témoignages : AOP Sunlait, laiterie Saint Denis de l’Hôtel, Fermiers de Loué et Amap, juste avant la synthèse et la clôture de la journée. C’est à partir de ces témoignages - tous orientés vers le succès - que les deux co-présidents ont pu remettre le troupeau en ligne : ils ont conclu qu’il fallait travailler sur 4 axes (qui sont pour nous ceux ressortis à chaque fois pour cacher l’essentiel) : organisation et structuration amont / contractualisation / esprit de filière, partage de la stratégie et interprofessions / transparence et communication sur la valeur des produits / assortis d’un 5e imposé par le député Matthieu Orphelin (nommé à 11h le matin-même pour siéger à 14h !) non moins rabâché, à savoir la restauration collective.

A la sortie de cet atelier, si le cerveau n’est pas bien fixé, il en ressort lavé au point d’en oublier non seulement le thème (Rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs) mais, pire, la détresse des agriculteurs aux revenus détruits par des prix indignes dont certains sont accrochés à ces EGA comme à une bouée de sauvetage. Il est interdit de parler de la PAC car il faut faire avec...

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