Il fallait bien une journée entière pour clôturer les cinq mois de travail sur les États généraux de l’alimentation. Malgré l’absence remarquée du ministre de la Transition écologique, le Gouvernement était bien représenté et cette journée a été ponctuée par les interventions des ministres de la Santé, de l’Économie et des Finances et de l’Agriculture pour finir par l’intervention du Premier ministre.

Les différents acteurs ont présenté les restitutions de la consultation publique, des ateliers en région, ainsi que des ateliers nationaux du deuxième chantier qui portait sur l’alimentation saine, sure et durable. Enfin, les responsables des interprofessions ont abordé les plans de filière lors d’une table ronde.

Nous étions malheureusement bien loin des préoccupations du premier chantier qui visait à partager la valeur et à mieux la répartir sur tous les maillons de la « filière ». Ce dernier mot a été le plus prononcé durant la journée et vu les propositions avancées par certaines interprofessions, nous sommes très inquiets d’entendre que le gouvernement souhaite s’appuyer sur les documents remis.

Alors que les autres syndicats agricoles se sont dits satisfaits et que les ONG et associations regrettent que les conclusions n’aillent pas plus loin sur les contraintes environnementales ou l’agriculture biologique, les représentants de la CR, Michel Le Pape et Max Bauer, ont été les seuls à parler des agriculteurs.

Ils ont rappelé pourquoi ces EGA avaient eu lieu, à savoir que 50 % des agriculteurs affichaient des revenus inférieurs à 350 € par mois (incluant les aides PAC) et qu’il fallait de toute urgence apporter des solutions concrètes pour le revenu de l’agriculteur.

Quand la parole a été donnée dans la salle pour demander comment l’organisme comptait s’engager, la CR a renvoyé la balle au gouvernement en lui demandant de s’engager, lui, auprès des agriculteurs !

S’engager pour une loi encadrante qui sanctuarise le fait de rémunérer l’agriculteur au-dessus de ses coûts de production et s’engager, au niveau européen, pour faire changer cette PAC responsable des ravages.

En s’adressant ensuite aux ONG et à certaines associations, Max Bauer a dénoncé les attaques portées contre les agriculteurs français qui causent beaucoup de tort et qui participent à l’élimination de certains producteurs, favorisant ainsi l’accroissement des importations de produits alimentaires ne répondant pas à nos normes sociales, environnementales et sanitaires ! Ne nous trompons pas de cible : les EGA doivent déboucher sur un vrai contrat de confiance entre les agriculteurs français et les consommateurs, le dialogue devant être maintenu.

Michel Le Pape a également mis l’accent sur le fait qu’il y ait besoin de tous les agriculteurs pour nourrir les 9 milliards d’habitants et qu’il convenait d’investir sur les agriculteurs en leur donnant les moyens financiers ainsi que l’importance économique nécessaire pour peser au sein des négociations dans les interprofessions, puisque visiblement elles sont amenées à avoir plus d’importance.

Enfin, et là encore seule la CR le dénonce, les EGA n’ont pas évoqué le grave problème posé à plus de 70 % des agriculteurs : celui des prix des céréales et des oléagineux soumis aux cours mondiaux… Le plan de filière de ce secteur en crise ne propose à ce sujet aucune piste d’amélioration si ce n’est de s’habituer à vendre durablement le blé à 140 €/tonne alors que le coût de production moyen est estimé à 210 €/tonne !

Après le chantier des EGA, la CR sera évidement très présente pour défendre sa proposition pour la PAC 2020 en discussion début 2018.

Dans la même catégorie

Environnement
Alimentation
Économie
Élevage