L’accord récent sur le prix du lait est-il un bon accord ? Certes, le combat n’était pas facile, mais force est de reconnaître que le grand vainqueur, malheureusement, est bien Lactalis, ce géant, leader mondial des produits laitiers.

En effet, qu’on nous impose un prix en-dessous de nos coûts de production, c’est une chose. Mais que, au nom de notre profession, certains acceptent de signer un tel accord, voilà bien une grande première, de l’inédit, du jamais vu… bien difficile à avaler par les producteurs laitiers, dont je partage l’indignation, et qui pour moi relève de l’irresponsabilité. Je vois donc cet accord comme un mauvais, un très mauvais message. Pour les éleveurs d’abord, qui attendent respect et reconnaissance de leur travail qui, comme tout travail, mérite salaire. Mauvais message également envoyé aux transformateurs et aux distributeurs. Enfin, quelle image vont avoir de nous les consommateurs qui nous voient manifester, bloquer, casser depuis un an ? Les chambres d’agriculture de Normandie viennent de réaliser une nouvelle étude sur les coûts de production laitière. Elle démontre que pour gagner un Smic et demi, il faut un prix de vente à 380 €/1 000 litres et qu’en-dessous de 320 €, l’éleveur ne gagne rien. Rappelons également qu’en France, existe une interdiction de vendre à perte, une interdiction de travailler pour rien. Le président de la FNSEA réclamait, il y a un an, un minimum de 340 € ! Que s’est-il passé pour qu’on accepte aujourd’hui un prix moyen sur l’année de 275 € ? Pourquoi enfin s’attaquer uniquement à Lactalis alors que des coopératives, pourtant administrées par des producteurs de lait, pratiquent le même prix ? Après avoir donné tous pouvoirs aux transformateurs en 2009 en refusant de participer à la grève du lait, après avoir accepté la contractualisation à sens unique, un nouveau pas vient d'être franchi. Enfin, à quand un meilleur partage de la valeur ajoutée ? A quand la pluralité syndicale afin de défendre un prix rémunérateur pour les éleveurs ? Sur ces deux sujets, l'État devra "mouiller sa chemise". Michel Legrand, président de la Chambre d'agriculture du Calvados http://www.chambre-agriculture-14.fr/edito/

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