Venus de toute la France, des agriculteurs de la CR se sont mobilisés ce jeudi 4 mars pour alerter sur le malaise agricole, ses causes et ses conséquences. Leur objectif : envoyer un message fort en cette semaine habituellement consacrée au Salon de l’Agriculture. L’agriculture va mal ; elle subit un plan social sans précédent dans l’indifférence générale !

Les causes, la CR les dénonce depuis trop longtemps. Des prix bas tout d’abord (effet ciseau des charges qui montent et du prix des produits qui stagne voire baisse) qui rétribuent mal les agriculteurs, dont les revenus sont parmi les plus bas de la société (1 agriculteur sur 3 gagne moins de 835 €/mois, aides PAC comprises). À cela vient s’ajouter cette écologie bête et méchante qui « lave plus vert que vert » en imposant des normes toujours plus contraignantes et parfois absurdes, alors que des produits rentrent sur notre territoire sans les respecter, mais aussi une méconnaissance et un dénigrement de notre métier par certains médias et certains responsables politiques.

Les conséquences, la CR les avait prédites depuis sa création et les déplore aujourd’hui encore. Les dettes des exploitants agricoles sont de plus en plus exorbitantes et s’accumulent. Les fermes ferment (1 500 dépôts de bilan par an). En moyenne, quasiment 2 de nos collègues agriculteurs se suicident chaque jour. Des pendus ont également été accrochés aux arbres pour leur rendre hommage symboliquement et mettre les citoyens face à cette triste réalité.

Alors que les installations sont en berne et qu’un agriculteur sur deux partira à la retraite d’ici à 2026, les agriculteurs ont voulu alerter les Parisiens sur la menace que cette situation fait peser sur leur souveraineté alimentaire. Ils ont pu échanger avec les agriculteurs présents et prendre conscience de l’importance d’acheter des produits français. Ils ont en effet de nombreuses qualités nutritives, gustatives et sanitaires et participent à l’entretien de nos paysages et au maillage social et économique de nos territoires.

Des responsables politiques sont également venus à notre rencontre comme Pascale Boyer (LREM -05), Claire Bouchet (LREM - 05), Jean-Luc Lagleize (Modem - 31) ou encore Nicolas Dupont-Aignan (DLF – 91) et Emmanuelle Anthoine (LR - 26). Ces échanges ont été très constructifs et les agriculteurs leur ont fait part de leur expérience. Le bilan de la loi Egalim a également été dressé : les agriculteurs n’ont pas vu leur situation changer et les prix sont toujours en-dessous des coûts de production. Les élus ont pu prendre connaissance de notre manifeste (lien) et nous ont apporté leur soutien.

Sébastien Héraud, maraîcher et 3ème vice-président de la Coordination Rurale a pris la parole le premier pour dénoncer les effets désastreux de la mondialisation sur l’agriculture, une des sources du malaise agricole. Il a également appelé à la résistance du bon sens paysan face à une écologie déconnectée de la réalité du terrain : "Il faut refuser de nous laisser faire par les écolos bobos urbains qui nous méprisent et veulent nous dicter notre conduite".

Sophie Lenaerts, éleveuse et responsable de la section lait de la CR, a ensuite pris la parole pour dénoncer l’inefficacité de la loi Egalim :

« Il suffirait de changer un mot pour que la loi EGA ait un réel impact sur notre revenu : obliger les industriels à appliquer l’indicateur de coûts de production de l’interprofession, fixé à 403 euros les 1000 litres, déjà obsolète (450 euros les 1000 litres pour se dégager un SMIC) au lieu de les laisser acheter le lait au prix indicateur du syndicat majoritaire, fixé à 344 euros les 1000 litres. »

Damien Brunelle, Président de France Grandes Cultures (FGC) et 1er vice-président de la CR, est également intervenu en mettant en avant les contradictions des écologistes, pleins de fausses bonnes idées :

« Dans le même temps, la Convention Citoyenne pour le Climat veut taxer les engrais de synthèse, tout en réduisant l’élevage parce qu’il contribuerait au réchauffement climatique. Comment peut-on d’un côté pénaliser l’usage d’engrais de synthèse et se priver d’engrais naturels que produisent les animaux d’élevage : c’est une aberration ! »

Il a par ailleurs dénoncé l’imposture de la HVE :

« C’est du greenwashing, les Chambres du syndicat majoritaire cherchent absolument à trouver de nouveaux financements sur le dos des agriculteurs en vendant ces certifications HVE, c’est inacceptable ! »

Alexandre Armel, Secrétaire général de la CR, a évoqué les entraves agricoles que nous subissons :

« La pression sociétale se fait également de plus en plus forte et les entraves à l’activité agricole se multiplient (menaces, insultes, intrusions, agressions, vol ou dégradation d’outils de travail) partout en France.  »

En tant que responsable de la section viande de la CR, il a également pointé l’absurdité qui touche la filière viande :

« On n’a jamais mangé autant de viande française suite à la crise du Covid-19 mais les prix ne montent pas car nous sommes sur un marché mondial et sommes mis en concurrence avec des viandes qui n’ont rien à voir avec celles que nous produisons sur les plans sanitaire, social et environnemental. »

François Walraet, Président de la CR d’Auvergne Rhône-Alpes, est intervenu pour dénoncer l’inaction du gouvernement face aux suicides d’agriculteurs :

« À France Télécom, dans les années 2000, il y a eu 40 suicides pendant deux ans et ses dirigeants ont été traduits en Justice pour harcèlement moral. Nous pour 700 suicides tous les ans, qui sera traduit en Justice pour harcèlement moral ? Le ministère de l’Agriculture ? La société civile ? La présidence de la République ? Qui portera cette responsabilité ? »

Bernard Lannes, Président national de la CR, a voulu rappeler que loin de cette image idyllique véhiculée par le Salon de l’Agriculture chaque année, l’agriculture va mal !

« Le Salon de l’agriculture montre le visage de l’agriculture qui va bien mais la réalité est tout autre ! Il y a 1500 dépôts de bilan par an : nos fermes ferment ! Il faut le dire et le répéter ! »

Il a plaidé pour l’élevage français :

« On a demandé à Barbara Pompili que des subventions directes du ministère de la Transition écologique soient accordées en plus des aides PAC aux éleveurs qui jouent un rôle écologique en maintenant ces prairies qui captent du carbone ! »

Les agriculteurs ont ensuite symboliquement posé un genou à terre pour rendre hommage à tous nos collègues agriculteurs qui ont mis fin à leur jour.

Des délégations d’agriculteurs sont ensuite allés remettre notre Manifeste en 4 mètres sur 3 dans différents lieux de pouvoir où sont prises les décisions qui nous concernent : Ministère de l’Agriculture, Assemblée nationale, Sénat et Matignon. La présidence de la République avait déjà été destinataire de notre Manifeste.

À l’Assemblée nationale, nos représentants ont échangé avec le député Hubert Wulfranc (PCF- 76) mais aussi avec les députés du Modem Jean-Paul Mattei (64), Frédéric Petit (7ème circonscription des Français de l’étranger) et Patrick Loiseau (85).

Au ministère de l’Agriculture, Max Bauer, Président de la CR PACA et Secrétaire général adjoint de la CR Alain Pouget, Président de la CR Occitanie, ainsi que Joris Miachon, responsable de la section Jeunes de la CR ont rencontré Benoît Bonaimé, directeur adjoint du cabinet de Julien Denormandie. Ils l’ont interpellé notamment sur la difficulté à construire des retenues d’eau, pourtant essentielles pour les agriculteurs confrontés au changement climatique et aux sécheresses successives. Joris Miachon, arboriculteur dans la Drôme a également fait part de ses inquiétudes sur les restrictions, difficilement tenables, imposées par le plan pollinisateurs.

Enfin les agriculteurs se sont retrouvés autour d’un sandwich et d’un verre de vin pour un moment de convivialité et d’échange avant de reprendre la route vers leurs exploitations.

La presse très nombreuse pour couvrir ce rassemblement a particulièrement bien repris nos prises de parole et les gestes forts signifiés par nos représentants.

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