Lydie Deneuville, présidente de la section dégâts de gibier de la CR et présidente de la CR58, a participé le 9 novembre à une réunion d’échanges sur l’évolution des barèmes d’indemnisation.

Que propose la CR pour l’indemnisation des dégâts de grand gibier ?

L. Deneuville : nous demandons à ce que les productions détruites soient indemnisées à leur prix de vente réel. Les barèmes sont actuellement basés sur les cotations de La dépêche/Le petit meunier et sont souvent trop bas pour ceux qui trouvent de meilleurs débouchés qu’à la coopérative, avec des négoces ou des courtiers. L’indemnisation au réel permettrait surtout de régler les épineuses difficultés de fixation de barèmes pour les circuits courts et le bio.

Pourquoi la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) refuse-t-elle cette méthode ?

L. Deneuville : elle y voit des difficultés dans l’établissement de la preuve du prix payé mais nous pensons que cette preuve pourrait se faire par tout moyen (facture, comptabilité ou autre). Elle s’abrite derrière le cadre législatif existant, le code de l’environnement demandant que la commission nationale d’indemnisation (CNI) des dégâts de gibier fixe des fourchettes d'indemnisation. Nous lui avons proposé de se joindre à nous pour demander au ministère de la transition écologique de faire modifier ces textes mais la FNC n’est visiblement pas très emballée…

Les barèmes ne reflètent donc pas la réalité des prix observés ?

L. Deneuville : non mais c’est pour le maïs grain et ensilage que les écarts sont les plus frappants, selon les années. Des propositions ont été faites pour le maïs grain. Il s’agirait de tenir compte des prix pratiqués par les coopératives et négoces les plus importants, dans chaque département. Mais là encore, les agriculteurs arrivant à commercialiser à meilleur prix ne seront pas pris en compte. C’est un nivellement par le bas !

Pourquoi des frais de séchage sont-ils déduits alors que l’estimation du maïs est réalisée aux normes par l’expert envoyé par la fédération départementale des chasseurs ?

L. Deneuville : je m’insurge contre cette pratique totalement injustifiée. Si l’estimation est faite aux normes (maïs sec), l’indemnisation doit être faite aux normes également. Certains maïsiculteurs parviennent tout à fait à livrer du maïs non humide et la dernière campagne en constitue un excellent exemple. Là encore, c’est un nivellement par le bas. Il semblerait que certains ne veuillent pas remettre en cause les mauvaises habitudes.

Quelles solutions sont envisagées pour le barème du maïs ensilage ?

L. Deneuville : il serait possible de calculer chaque année un prix approchant du réel, en suivant la méthode de calcul d’Arvalis. Mais la FNC semble préférer s’orienter sur la mise à jour de la base de calcul fixée en 2008, trop basse, et de continuer à actualiser le prix chaque année. Là aussi, la FNC rechigne à un changement trop radical mais collant davantage à la réalité du terrain.

A quel moment ces changements envisagés par la FNC interviendront-ils ?

L. Deneuville: la CNI doit se réunir le 29 novembre pour fixer les barèmes des maïs grain et ensilage. Les changements, s’ils sont retenus par la FNC (sa commission dégâts de grand gibier doit auparavant en discuter), vaudront pour les barèmes suivants, établis en novembre 2018.

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