Lors de son conseil d’administration du 6 mars 2019, le GNIS a adopté le nouvel accord interprofessionnel réévaluant la CVO à hauteur de 0,90 €/t (contre 0,70 €/t précédemment) sur les espèces suivantes : blé tendre, blé dur, orge, avoine, seigle, triticale, épeautre et riz.

Une subvention déguisée à la vente de semences certifiées !

Si pour le GNIS et pour l’AGPB, seule organisation professionnelle agricole consultée (Intercéréales ne l’a même pas été !), cet accord doit « permettre un financement de la recherche plus équilibré entre les semences certifiées et les semences de ferme », force est de constater que ces CVO ne la financeront que très peu.

Au contraire, bien qu’il s’agisse d’un accord « relatif à la recherche et à l’innovation variétale », 63 % des 41,4 millions d’euros de CVO collectées serviront en réalité à financer une subvention à l’achat de semences certifiées par les agriculteurs, via un remboursement de 5 €/q (contre 2,8 €/q précédemment) ou 1,07 euro par dose de 500 000 grains. Le but est donc bien d’augmenter l’attractivité des semences certifiées, pas de mieux financer leur recherche !

De plus, le Fonds de Soutien à l’Obtention Végétale (FSOV), géré par le GNIS, verra ses moyens amputés de 684 000 € (1,5 M€/an au lieu de 2,184 M€ octroyés par le précédent accord). C’est pourtant ce FSOV qui finance les « programmes collectifs d’études et de recherche », au choix d’un comité d’engagement où là encore l’AGPB représente seule les intérêts agricoles.

Enfin seules 33% des CVO seront réparties par la SICASOV entre les différents obtenteurs, au prorata de leurs parts de marché. Et rien ne les empêchera d’utiliser ces fonds à des fins de publicité en faveur des semences certifiées plutôt qu’à des fins de recherche. L’accord ne fait peser aucune contrainte quant à l’utilisation des CVO par les obtenteurs.

CVO graphique

Source : accords interprofessionnels 2016-2019 et 2019-2022 (à télécharger ci-dessous)

D’accord pour financer la recherche mais une seule fois !

Pendant ce temps, les céréaliers subissent ces accords successifs, sans aucun moyen de pouvoir orienter la recherche en fonction de leurs besoins. Les rendements en blé tendre plafonnent depuis 20 ans. Où sont les variétés plus productives, qualitatives et résistantes aux bioagresseurs que l’on nous promet année après année ?

Il y a un turn-over très important de nouvelles variétés sans que les agriculteurs puissent toujours prendre le recul nécessaire pour évaluer leurs performances sur plusieurs campagnes.

Sans refuser le financement de la recherche, la CR et FGC (France Grandes Cultures) s’opposent aux CVO depuis 2001. N’est-il pas aberrant de rémunérer la recherche au-delà du seul acte d’achat des semences certifiées ? À titre de comparaison, voit-on les constructeurs automobiles prélever une taxe sur la vente des véhicules d’occasion pour financer leur recherche et développement ?

En revanche, beaucoup d’agriculteurs multipliant à la ferme seraient prêts à investir en achetant de la G4 (semence de base) directement aux obtenteurs, plutôt que de la R1 (semence certifiée) via leurs distributeurs, et ensuite à la reproduire eux-mêmes (sans avoir à acquitter de CVO), s’il s’agit de variétés intéressantes agronomiquement.

Un savoir-faire qui profite de plus en plus à nos concurrents !

Le vrai problème, c’est que nos récoltes ne nous sont pas payées assez cher pour que cela nous incite à acheter des semences commerciales. Comptablement, pour ne pas être déficitaires, nous sommes contraints de réaliser des économies de charges et donc de « zapper » sur l’achat des semences. Les semenciers, au lieu de s’accrocher à une rente, devraient se battre aux côtés des agriculteurs pour que les cours des céréales remontent. Si cette CVO n’oblige en rien les semenciers à progresser, elle leur permet d’attaquer des marchés à l’export comme en Russie ou en Ukraine. Les agriculteurs français sont donc taxés pour que leurs concurrents directs aient accès à des semences plus productives.

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