Le méthane était cette année au cœur des discussions de la COP 26, conférence internationale organisée par l’Organisation des nations unies, regroupant plus de 120 chefs d’État et de gouvernements, qui se tenait cette année à Glasgow, en Écosse. L’objectif étant de répondre à l’urgence climatique, qui prévoit une augmentation de la température de 1,5°C d’ici 2030. L’Accord de Glasgow, qui fait suite à l’édition 2021 de cette conférence, a vu la signature de plus de 100 pays en faveur de la réduction des émissions de méthane de 30 % d’ici à 2030 sur la base des émissions de 2020.

Le méthane est considéré par les scientifiques comme l’un des gaz ayant le pouvoir de réchauffement global le plus important avec le dioxyde de carbone et serait donc responsable direct du réchauffement de l’atmosphère terrestre. L’élevage ruminant est souvent pointé du doigt comme principal responsable de ces émissions, ce qui n’est pas sans arranger les pourfendeurs d’une diminution drastique (voir un arrêt total) de l’élevage. Mais qu’en est-il vraiment ? L’élevage ruminant tel qu’il est pratiqué en France est-il le principal responsable du réchauffement de la planète ?

Nous avions publié il y a quelques semaines une note issue d’un groupe scientifique qui remettait en cause les méthodes actuellement utilisées pour définir les émissions de méthane dans l’atmosphère. En effet, il y aurait une surestimation de l’ordre de 3 à 4 fois l’impact réel des émissions de méthane (voir l’article Et si l’élevage français n’était pas aussi nocif qu’on le prétend ?)

Loin de nous l’idée de tenter de nier les effets globaux des émissions de gaz à effet de serre et notamment du méthane sur l’atmosphère, mais il est primordial de répondre aux discours manichéens qui voudraient faire croire que l’élevage, c’est forcément mal.

D’où sont issus les gaz à effet de serre ?

Les sources d’émissions de gaz à effet de serre sont en France principalement issues de l’utilisation d’énergie (transport, résidentiel, industrie manufacturière et construction et d’énergie), de l’agriculture, des procédés industriels et solvants ainsi que des déchets. Le graphique ci-après présente la répartition des sources d’émissions de gaz à effet de serre en France en 2018.

  Répartition des sources d'émissions de gaz à effet de serre en France en 2018 Source : L'environnement en France  

Si l’on se focalise sur la part des secteurs d’activité dans les émissions de gaz à effet de serre, il peut être constaté que l’agriculture est le principal émetteur de méthane et de protoxyde d’azote, et que ces deux gaz ont vu leurs émissions diminuer respectivement de -20 % et de -39 % entre 1990 et 2017. Cependant, gardons bien en tête que l’agriculture, et l’élevage en particulier, est le seul secteur qui compense en partie ses émissions : près d’un tiers du carbone émis est piégé par les prairies ! Cela revient donc à dire que l’agriculture n’est responsable « que » de 11 % des émissions nettes de gaz à effet de serre, très proche des émissions issues de l’industrie.

  Source : L'environnement en France

Gestion du système herbager : réel levier contre les émissions de méthane

Les systèmes à l’herbe ont un réel intérêt dans la lutte que mènent la société et l’agriculture contre le réchauffement climatique. En effet, d’après le rapport du think tank Farm Europe, la bonne gestion des fourrages et des pâturages permettrait d’atténuer les émissions de GES, et réduire l’utilisation des concentrés. Un des leviers proposés dans ce rapport est l’allongement de la durée de pâturage, ce qui permettrait une réduction des émissions de méthane entérique de -12 % à -16 % quotidiennement tout en réduisant les GES jusqu’à 10 %.

Aujourd’hui, grâce aux prairies pâturées par les animaux, 55 % du méthane émis par les ruminants se retrouve stocké dans le sol. À noter également que plus de 80 % de la ration des ruminants est composée de fourrages (herbe, foin, ensilage) non consommables par l’Homme. Rappelons également que les élevages français sont autonomes à plus de 85 % sur l’alimentation de leurs animaux.

Des initiatives européennes telles que Life Beef Carbon, pilotées en France par l’Institut de l’élevage, ont été lancées afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de l’élevage. Ce projet conjointement lancé en Irlande, Espagne et Italie utilise la réalisation de diagnostics dans les élevages (CAP2ER en France) afin d’identifier les leviers de réduction pour les éleveurs. Une des solutions envisagées est la limitation du nombre d’animaux improductifs sur l’élevage ou bien la réduction des intervalles entre vêlages. Cette mesure conduit cependant à une intensification des conduites d’élevage, ce qui n’est pas vertueux en tout point.

L’élevage, c’est d’abord de nombreux avantages !

L’élevage est souvent perçu sous le prisme de la pollution et des émissions de gaz nocifs pour la planète. C’est oublier qu’il a d’abord l’objectif de nourrir la population en protéines de qualité (ce qui, vous en conviendrez, relève d’une plus grande importance qu’un voyage en avion pour des vacances aux Maldives…). Il est également important de rappeler que la production de protéines destinées à l’élevage n’entre pas en concurrence avec les protéines destinées à l’alimentation humaine, comme certaines ONG essayent de nous le faire croire : les ruminants ont besoin de 0,6 kg de protéines comestibles par l’homme pour produire 1 kg de protéines. Ils sont donc contributeurs nets de protéines à la production mondiale de protéines comestibles pour l’Homme. En dehors de l’aspect nourricier, les ruminants permettent la valorisation de terres non-labourables, en particulier dans les zones de reliefs (évitant, par la même occasion, les incendies l’été) et préservent la qualité de l’eau. Ils permettent également la valorisation de déchets issus de l’alimentation humaine (tourteaux d’oléoprotéagineux issus de l’extraction de l’huile) et des prairies, véritables puits de carbone, qui façonnent les paysages. Enfin, ils participent au maintien de l’économie rurale : on estime que la disparition de l’élevage engendrerait la perte de 500 000 emplois en France !

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