Le mardi 25 mai 2021, Aurélie Hallain, betteravière en région Centre, représentait la Coordination Rurale au Conseil de surveillance des néonicotinoïdes. Elle y a défendu l’intérêt des betteraviers en rappelant l’importance de rémunérer dignement les planteurs !

 

La CR sceptique quant aux alternatives envisagées par l’Anses

Nous constatons que peu de solutions semblent pouvoir être proposées aux betteraviers dans l’objectif de se passer des néonicotinoïdes dans 2 ans et demi. Si l’Anses affirme avoir identifié 22 solutions, dont quatre « immédiatement utilisables », nous restons sceptiques… L’agence a en effet identifié « quatre solutions à court terme » : deux phytos conventionnels (l’un de la famille des pyridines-carboxamides, l’autre de celle des kétoénoles), deux méthodes culturales à partir du paillage pour l’une, et de la fertilisation organique pour l’autre. Néanmoins, n’oublions pas que ces méthodes ont déjà été utilisées l’année dernière et n’ont pas suffi à empêcher la jaunisse de ravager nos cultures de betteraves ! D’après l’Anses, « 18 autres méthodes ou produits alternatifs aux néonicotinoïdes devraient être disponibles dans un délai de deux à trois ans ». Là encore nous attendons de voir concrètement quelles sont ces méthodes qui, en plus d’être efficaces, doivent être économiquement viables pour les planteurs.

 

La pérennité de la filière doit être au cœur de la réflexion !

Hier la jaunisse, aujourd’hui le gel, demain la sécheresse… Force est de constater que nous nous inscrivons durablement dans un monde où les aléas sont plus nombreux et où la filière doit être plus résiliente. Pourtant, avec cette vision très court terme, focalisée sur l’emploi des NNI, nos interlocuteurs semblent oublier l’importance de pérenniser la filière à long terme.

La Coordination Rurale a bien conscience que l’emploi de NNI ne peut pas être une solution à long terme. Si la dérogation était indispensable pour sauver la filière, celle-ci reste très fragile et nous devons prendre en compte les nouvelles exigences des consommateurs. Des variétés résistantes à la jaunisse existent, mais elles produisent entre 20 et 30 % de moins que les variétés utilisées aujourd’hui et ne sont donc pas envisagées par les industriels. De leur côté, les betteraviers seraient prêts à les utiliser, mais cet effort ne doit pas se faire à n’importe quel prix. En effet, n’oublions pas qu’ils produisent déjà à perte : en moyenne 24 euros/T alors qu’un prix d’équilibre serait estimé à 27 euros/T. Alors, la réflexion concernant la suppression des NNI ne peut se faire sans prendre également en compte la question de la rémunération des agriculteurs ! Une baisse de rendement liée à l’utilisation de ces variétés résistantes accompagnée de prix inférieurs aux coûts de production serait impossible à tenir pour les producteurs. C’est pourquoi, afin de protéger les agriculteurs français des distorsions de concurrence et revaloriser notre marché intérieur, la CR souligne l’importance de faire appliquer l’article 44 de la loi Egalim qui permettrait d’interdire la commercialisation de sucre issu de cultures ne respectant pas nos normes de production.

 

Le combat de la CR pour des prix !

La représentante de la Coordination Rurale a alerté les membres du Conseil de surveillance sur les conséquences de prix aussi bas qui vont amener un grand nombre de betteraviers à ne pas se réengager dans les contrats avec les industriels, ou à diminuer drastiquement les surfaces allouées à la production betteravière ; suffisamment pour que cela puisse remettre en cause la pérennité de la filière ! On lui a répondu que cette menace n’était pas responsable, et qu’il fallait que nous, agriculteurs, soyons solidaires avec la filière ! Aurélie Hallain a protesté : « On ne menace personne, on avertit que l’on ne va pas avoir le choix ! On ne fait pas l’aumône, on ne demande pas la charité, on veut simplement être payés pour notre travail ! Et pour toute réponse on nous indique qu’il faut être solidaires… Est-ce à l’agriculteur d’être solidaire alors qu’il travaille à perte ? L’agriculteur a déjà été assez solidaire, maintenant c’est à tous les acteurs de la filière de produire les efforts nécessaires pour sauver notre production de betteraves françaises ! »

 

Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à faire des efforts !

Il est temps que les industriels du sucre se mobilisent pour sauver la branche sur laquelle ils sont assis en payant le prix juste aux planteurs qui sont indispensables pour la filière !

Il faut que les politiques aient le courage de prendre des décisions fortes, qui protègent nos productions et garantissent des prix rémunérateurs, en promulguant notamment l’exception agriculturelle (plus d’informations ici) !

Il est indispensable que les associations écologistes comprennent que si l’on ne produit plus de sucre en France (et autres produits issus de la culture de la betterave), c’est dans l’Est de l’Europe et au Brésil qu’il sera produit. Compte tenu des pratiques culturales appliquées dans ces pays, l’impact écologique sera désastreux ! Mais, pour avoir une vue d’ensemble de la situation et comprendre les problématiques des agriculteurs, encore faudrait-il que ces associations daignent participer aux visites d’exploitations de l’ITB (Institut technique de la betterave) auxquelles elles sont invitées !

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