Dans sa dernière note de conjoncture, le service statistique du ministère de l’Agriculture souligne la poursuite de la décapitalisation allaitante observée depuis mars 2017. Les abattages de vache allaitante ont ainsi augmenté de 7,7 % en février 2018 par rapport à février 2017.

Rappelons que le cheptel allaitant avait connu une longue phase de capitalisation entre 2015 et mars 2017, due notamment au remplacement des génisses primées dans le cadre de la PMTVA par des vaches.

Au printemps 2017, cette phase de capitalisation prend fin suite à une année 2016 catastrophique tant sur le plan climatique qu’économique. Face aux mauvaises récoltes fourragères, au manque de trésorerie et à l’impossibilité d’acheter des aliments, les éleveurs se sont mis à abattre une partie de leurs femelles. Les abattages de vaches ont ainsi été très soutenus tout au long de l’année 2017.

Mais alors que les experts prévoyaient un ralentissement de cette tendance pour 2018, les premiers chiffres montrent au contraire une poursuite de cette décapitalisation. Malgré une récolte fourragère correcte et un redressement du prix des mâles en 2017 qui ont permis de renflouer quelque peu les trésoreries, la décapitalisation continue de façon inquiétante.

Qu’en conclure ?

Si la situation en 2017 s’est légèrement améliorée par rapport à 2016, elle n’est pas satisfaisante pour autant. La situation financière des éleveurs reste catastrophique, comme l’a montré l’observatoire de l’endettement. Les ventes qu’ils sont tenus de faire à perte, les subventions payées en retard s’ajoutant au fait qu’elles sont bien en deçà des « promesses de Cournon » finissent d’épuiser leur trésorerie. La population vieillissante est confrontée à une crise des successions, alors que le métier n’offre guère de perspectives aux jeunes désireux de s’installer.

Alors que les mauvais fourrages et les aléas sanitaires de 2016 ont également causé un déficit des naissances de l’ordre de 280 000 veaux en 2017, le fait que les éleveurs se débarrassent de leurs vaches démontre bien une volonté de ne pas renouveler leur cheptel, mais au contraire d’abandonner progressivement un métier qui n’offre plus d’avenir.

La CR avait pourtant prédit cette situation et n’avait cessé de tirer la sonnette d’alarme pour tenter de l’empêcher. L’augmentation artificielle du cheptel a été causée par l’ABA telle qu’elle a été élaborée par la FNB et Coop de France. La difficulté des successions est liée au manque de perspectives et de soutien spécifique aux jeunes installés, qui mettent plusieurs années à trouver un rythme de croisière. Mais surtout, c’est le manque de régulation des volumes qui conduit les éleveurs à subir les aléas de la conjoncture.

Alors que le gouvernement souhaite réduire le débat agricole à la « montée en gamme » et à la contractualisation, il faut anticiper et préparer le vrai rendez-vous des agriculteurs : la PAC 2020. Cette nouvelle PAC devra élaborer des outils efficaces pour protéger et relancer l'élevage bovin et enfin passer d’une politique de primes à une politique de prix.

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