La Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN) vient de se réunir pour examiner les comptes prévisionnels de l’année 2018. Il est clair qu’après la chute abyssale des revenus de 2016 et malgré les légères hausses de 2017 et de cette année, les comptes des agriculteurs ne se relèvent toujours pas.Sur les neuf premiers mois de l’année, la plupart des productions animales se redressent ou se maintiennent en France par rapport à 2017. Cependant, le secteur de l’élevage demeure en dessous du seuil de rentabilité. Les cours sont en repli. La valeur de la production animale baisse (-1,2 %). Les volumes stagnent tandis que les prix reculent.

Lait : la hausses des prix ne couvre pas l'augmentation des charges

On ne peut que se réjouir de l'augmentation, même timide, des prix du lait, certainement gonflée par l'augmentation de la part du lait biologique (+ 35 % sur les neuf premiers mois de 2018 par rapport à 2017), mais toujours freinée par l'existence d'importants stocks de poudre en Europe, ce qui influe sur le marché en le déprimant. Sur les neufs premiers mois de l’année 2018, les fabrications de poudre de lait sont en baisse de 8,2 %. Le prix de la poudre de lait écrémée se maintient à des niveaux très bas, en baisse de 27,3 % sur les dix premiers mois de 2018 par rapport à 2017. En lien avec la hausse du coût de l’énergie et de la sécheresse, les coûts de production sont en hausse depuis le milieu de l’année 2018. En moyenne, ils augmentent de 12,5 % de janvier à juillet. Quand le prix du lait standard enregistre une hausse de 1,5 % par rapport à la même période en 2017...

Viandes rouges : une moyenne qui masque une situation en train de se dégrader

La rapport souligne que malgré une production en hausse, les prix se maintiennent en viande bovine par rapport en 2017. En réalité, cette synthèse simpliste masque l’évolution de la situation sur la période étudiée. Elle est sérieusement en train de se dégrader et nous laisse pessimistes sur l’avenir. En effet, la hausse des abattages des femelles témoigne de la poursuite de la décapitalisation, entraînant une baisse des cours. A l'inverse, les problèmes de fertilité de 2017 entraînent une baisse des abattages des mâles. Pour autant, en concurrence avec des importations de vaches laitières provenant d'Allemagne et des Pays-Bas - entre autres -, le marché est engorgé et les animaux s'alourdissent. Si la consommation augmente globalement, elle recule pour les segments les plus rémunérateurs (piécé, rayon traditionnel). Elle augmente pour le haché, la RHD et les plats transformés. Malheureusement, l'aval persiste à ne pas vouloir rémunérer les producteurs en fonction de la réalité des débouchés.

Viande blanches : produire toujours plus pour courir après les prix

Les éleveurs de porcs sont durement touchés par la baisse des prix dans un contexte de surproduction européenne, en lien avec des débouchés à l'export contrariés. La baisse des prix impose aux éleveurs d'augmenter leur production pour tenter de maintenir un faible revenu, intensifiant ainsi la surproduction, que les transformateurs saisissent pour peser d'autant plus sur les prix. Ce sont les prix mondiaux qui dirigent notre marché ! Il est plus que temps de protéger le marché européen, et par suite les producteurs et les consommateurs. En volaille, si la production repart à la hausse après les crises sanitaires, les prix diminuent globalement. Dans le même temps, les éleveurs doivent faire face à de nouvelles charges liées à la biosécurité.

De nombreux éleveurs présentent un résultat avant subvention négatif. Ce sont pourtant eux qui disposent de moins en moins de ces subventions alors qu'ils s'enfoncent dans la crise. Pour les sections d'élevage de la CR, c'est un signe incontestable qu'il est plus que temps de changer le logiciel de la PAC pour obtenir une régulation des productions et des prix rémunérateurs, et sortir de la vocation exportatrice prônée par la FNSEA et la Copa-Cogeca.

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