Bien que les chiffres provisoires publiés ce matin par la Commission des comptes de l’agriculture et de la nation (CCAN) annoncent, pour l’année 2021, un résultat brut de la branche agricole en hausse de 16.6 % et un résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en hausse de 19.9 %, l’analyse fine des données s’avère inquiétante. Et pour cause, la valeur ajoutée par actif est liée à une diminution importante du nombre d'agriculteurs ! (1)

 « De plus, et c'est un fait historique, depuis 3 ans, les volumes de production français baissent et ce ne sont pas les récoltes 2022 qui amélioreront la situation, bien au contraire. Quant à l'apparent bon résultat de la branche agricole, il est en trompe l’œil, car en décalage avec la hausse du prix de l'énergie, des engrais et de l'alimentation animale. Le rattrapage dans les comptes 2022 sera sévère ! » rappelle François Walraet, représentant de la Coordination Rurale à la CCAN.

La Coordination Rurale insiste sur ce point : ces signaux positifs cachent un affaiblissement de la puissance agricole. Les importations progressent plus vite que les exportations, et le solde des échanges commerciaux de produits agricoles diminue (- 22 %) pour la 2e année consécutive. Et si la balance des produits de l’agriculture est encore excédentaire, c’est uniquement grâce à 3 productions : les vins et spiritueux, les céréales et dans une moindre mesure, les animaux vivants. Les autres productions sont déficitaires : oléagineux, fruits et légumes, fleurs et plants.

La CCAN fait un travail intéressant de constatation d’une situation qui s’aggrave chaque année un peu plus, mais il n’y a aucune proposition politique pour corriger cette situation. Pire, les politiques européennes comme le Green Deal menacent plus encore la souveraineté alimentaire européenne. Même la PAC, en introduisant un verdissement peu réalisable dans les champs, abandonne sa mission d'assurer un niveau de vie équitable aux agriculteurs, de stabiliser les marchés, de garantir la sécurité des approvisionnements et d'assurer des prix raisonnables dans les livraisons aux consommateurs.

La dérégulation totale des productions et des marchés est aujourd'hui accomplie et on ne peut que constater ses effets désastreux. Il est urgent d'avoir le courage politique de reprendre la main sur le marché !

  (1) Le résultat par actif non salarié est en partie dû à une baisse du nombre d’actifs (-2,8 %)

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