Compte rendu de la présentation d'Alexandre Armel au Congrès de la CR à Vannes (retrouvez les diapos de la présentation en cliquant ici) : Depuis un an et demi, les prix des vaches allaitantes se sont effondrés. Les vaches R sont payées entre 3,60 et 3,80 € / kgec, alors qu’il faudrait qu’elles soient payées 4,65 € en moyenne pour couvrir les coûts de production. Ces prix sont liés à des niveaux d’abattages très élevés. On assiste en effet à une forte décapitalisation du cheptel allaitant depuis mars 2017. Or, cette crise a été aggravée par la FNB et Coop de France. Pour comprendre cette responsabilité, il faut remonter à 2010 : à cette date, les prévisions tablaient sur une baisse progressive du cheptel allaitant. Cette diminution, lente et stable, était lié à un vieillissement progressif des éleveurs et une diminution de la consommation. Or, à partir de 2013, on observe une anomalie : le cheptel remonte, avant de s’effondrer brutalement en 2017. Les afflux de vaches auraient été moins importants s’il n’y avait pas eu en 2013 ce rebond du cheptel. Comment expliquer cette phase d’augmentation alors que le marché est en difficulté depuis 2013 ?

3 hypothèses pour expliquer la capitalisation

Pour expliquer cette phase de stockage, il y a 3 hypothèses :
  • Des créations massives d’ateliers ? Non : il n’y a pas eu d’installations massives ces dernières années. Au contraire, depuis 2013 on perd de plus en plus de vaches à cause des arrêts d’ateliers allaitants.
  • La faute à la crise laitière ? Il y a bien eu quelques conversions lait-viande ces dernières années, mais elles ne sont responsables que d’une hausse de 5000 vaches par an sur les 45 000 vaches supplémentaires constatées chaque année entre 2014 et 2016. Ce n’est donc pas l’explication principale.
  • Une augmentation du cheptel existant ? L’IDELE s’est rendue compte que la très grande majorité des exploitations allaitantes, quelle que soit leur taille, ont augmenté légèrement leur cheptel. En cumulé, ce sont ces petits agrandissements d’exploitation qui sont responsables de la phase de stockage.
Mais pourquoi y a-t-il eu ces petits agrandissements ?

La faute à l’Aide bovin allaitant (ABA) voulu par la FNSEA et Coop de France

Dans la préparation de la PAC 2015, la FNB et Coop de France on fait pression pour supprimer l’éligibilité des génisses et les références historiques dans la refonte de l’aide couplée bovin allaitant. Leur objectif : privilégier les animaux productifs et supprimer les freins à l’agrandissement. Résultat : l'augmentation de la production qui fait pression sur les prix ! Stratégie aberrante quand on sait que la consommation de viande commençait déjà à baisser… On retrouve encore et toujours l’idée de vocation exportatrice pour trouver de nouveaux marchés. Cette augmentation du cheptel par les aides ne pouvait pas durer. Elle allait s’inverser au moindre aléas. Or,ces derniers s’enchaînent en 2016 :
  • prix bas, dégradation des trésoreries
  • aléas climatiques : fourrage médiocres en qualité ou en quantité
  • aléas sanitaire : FCO
Le contrecoup :les éleveurs commencent à se débarrasser des vaches, et on arrive à la situation évoquée initiallement : déstockage, abattages et des prix qui baissent.

Des conséquences dramatiques pour les éleveurs

Depuis un an, on constate une augmentation des arrêts d’ateliers viande. Même ceux qui se sont agrandis s’arrêtent brutalement. Ces 10 dernières années, l’agriculture perdait en moyenne 800 ateliers par ans. Entre 2016 et 2017, c’est 1500 ateliers ! Cela va sans doute continuer : avec la sécheresse, la décapitalisation va se poursuivre, on va continuer d’avoir des afflux importants de vaches. D’autant que le phénomène est européen. Ce sont des aléas, mais ces phénomènes ont été aggravés par la FNSEA qui voulait accroître la production pour exporter !

Nos propositions

Dans l’immédiat, en France, nous voulons un découplage des aides pour ne pas déstabiliser le marché. A minima, il faudrait réintroduire une part de génisses dans l’ABA. Ensuite, en Europe, la CR souhaite un renforcement de l’Observatoire européen des viande pour mieux anticiper l’évolution du cheptel et ainsi mettre en place une régulation par les producteurs C'est grâce à cela que nous pourrons vivre de nos prix et nonde primes et ainsi ne plus être considérés comme des fonctionnaires, comme le pense le cabinet de Phil Hogan que nous avons rencontré.

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