La Coordination Rurale participe activement aux réunions du Conseil national de la restauration collective (CNRC), et se désole de l’inefficacité croissante des réunions de celui-ci.

Lors de la dernière réunion, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) a reconnu que l’objectif des 50 % de produits bio ou sous signe de qualité est loin d’être atteint dans la restauration collective (même celle de l’État), que l’enveloppe des fonds européens du programme à destination des écoles pour la consommation de produits laitiers et de fruits et légumes est toujours si peu utilisée, et que le plan pour les cuisines scolaires des petites communes ne touche même pas 1 % des élèves en maternelle et en primaire.

Néanmoins, l’administration arrive à s’auto-congratuler de l’émergence soudaine de 300 Plans alimentaires territoriaux (PAT) en 6 mois. Auraient-ils poussé comme des champignons après une pluie d’euros (80 millions d’euros du plan de relance) ? Seront-ils opérationnels l’année prochaine ou resteront-ils des PAT en papier dans des tiroirs poussiéreux ne permettant que la captation d’argent public et la concrétisation de promesses de campagne, et malheureusement sans impact bénéfique pour les territoires ?

Et à y regarder de plus près, peu de PAT s’appuient sur une dynamique citoyenne locale. Les acronymes institutionnels se répondent entre eux et se partageront la manne financière.

Pourtant les PAT auraient pu être l’expression d’une citoyenneté autour de l’alimentation faite de dons, de fraternité, d’éducation au goût, d’amélioration du revenu des agriculteurs, et de création de synergies locales à partir d’une architecture pleinement républicaine. Où sont les simples citoyens, agriculteurs, parents d’élèves, secteurs privés, etc. ?

C’est un vrai gâchis. Il ne suffit pas de décréter un PAT pour qu’il fonctionne. Un PAT sans base citoyenne forte, sans dynamique entre les acteurs de l’alimentation et du territoire est voué à l’échec. Et malheureusement, on le constate dans les réunions du CNRC, nombre de PAT sont un concentré d’entre-soi institutionnel enrobé d'une belle communication.

Et pourtant, le CNRC pourrait être une formidable instance de concertation, mais il est sous exploité. En réunissant l’ensemble des acteurs concernés par la restauration collective, et sur la base de propositions et de solutions concrètes rapportées par ces derniers, le CNRC pourrait être le point de départ et la caisse de résonance d’initiatives qui fonctionnent et dynamisent les territoires tout en améliorant l’accès à une alimentation saine, locale et durable.

Cela suppose aussi que l’administration soit enfin à l’écoute des acteurs de terrain, et trouve sa satisfaction ailleurs que dans la bonne santé d’indicateurs sans effet et dans l'organisation de la prochaine réunion...

Tristan Arlaud

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