Stéphane Travert a profité de son passage dans le Rhône pour rencontrer les syndicats agricoles du département. Le 5 octobre, c'est autour d'un petit déjeuner organisé à la Préfecture du Rhône que cette rencontre s'est déroulée. Au programme des débats : la suppression du dispositif TO-DE, les aléas climatiques et la réduction des ZDS...

La suppression du dispositif TO-DE :

Tout d'abord, les représentants de la profession saluent la mesure prise pour diminuer les charges qui pèsent sur les travailleurs permanents. Cependant, ils estiment que cela ne compense en aucun cas la disparition programmée du dispositif TO-DE. Un agriculteur rappelle que cela engendrerait une perte de 1,40 euros de l'heure pour un saisonnier, soit 10 000 euros sur un ETP à l'année. Pour Françoise Boyer, présidente de la CR du Rhône, le non maintien de cette aide entrainerait la disparition d'une grande partie des exploitations arboricoles et légumières de France.

De son côté, le Ministre se dit conscient de cette situation et espère pouvoir apporter rapidement des réponses positives : "dans les coupes budgétaires imposées par l’État, l'agriculture est nettement impactée. Il nous reste encore quelques semaines pour en discuter, nous espérons pouvoir arriver à une certaine forme de compromis avec le reste des services ministériels."

Les représentants agricoles se disent vigilants aux solutions qui seront proposées dans les semaines à venir.

Les ZDS :

Les agriculteurs présents expliquent que sur certains secteurs du département (celui de Condrieu par exemple), la suppression des indemnisations risque d'entrainer une disparition de l'élevage : "à part des sangliers et des friches, il n'y aura plus grand chose. C'est la disparition de toute l'économie rurale qui est annoncée."

En effet, lors la révision des ZDS, le département du Rhône n'a pas été épargné. Sur les 24 communes "sortantes", 162 exploitations se trouvent dans une situation de grande fragilité économique. D'après un responsable syndical, "chacune de ces exploitations risque de perdre jusqu'à 4000 euros par an" si rien n'est fait pour les accompagner.

Pour Stéphane Travert, la révision des ZDS était inévitable : "il s'agit d'une directive européenne qui date de 2003. Elle avait été laissé en suspens jusqu'à présent." D'après lui, l'impossibilité de modifier le nouveau zonage implique la nécessité de rechercher de nouveaux outils pour accompagner efficacement et durablement le changement : "comment transmettre, comment installer, quels leviers activer pour renforcer l'attractivité des territoires impactés ? c'est à ces questions qu'il va désormais falloir répondre. S'il faut porter des projets, notre porte sera ouverte à toutes propositions..."

Les aléas climatiques :

Pour le Rhône, Stéphane Travert parle d'une "triple peine" puisqu'en plus du déficit en eau et de la sécheresse que subissent la plupart des exploitants, de nombreux secteurs ont été impacté par des orages de grêles aux effets dévastateurs. Pour palier à ces difficultés, le Ministre annonce un report des cotisations, une exonération des taxes sur le foncier non-bâti et, à partir du 16 octobre 2018, des avances PAC sur le premier et le deuxième pilier avec augmentation de 20%.

Concernant la gestion de l'eau, le Ministre annonce qu'un travail structurel est à entreprendre. Il remarque que "l'ombre de Sivens" plane au dessus des 57 projets qui sont actuellement à l'étude au niveau national (bassines, retenues collinaires...). D'après lui, il faut insister, mettre en avant les projets existants pour prouver que cela fonctionne. Si des projets sont portés collectivement, Stéphane Travert affirme qu'il les soutiendra et les appuiera : "vous me trouverez avec vous" !

Evolution de l'agriculture :

Pour tendre vers un système nouveau et diffuser les bonnes pratiques, le Ministre estime que l'Agriculture doit nécessairement travailler en bonne intelligence avec les instituts de recherche. D'après lui, il faut donner aux producteurs des solutions pour s'orienter vers des systèmes alternatifs cohérents et viables (dont l'agriculture de conservation fait partie). Il s'agit selon lui de la meilleure manière de répondre aux "pressions sociétales" (parfois virulentes) qui se manifestent actuellement.

Concernant l'avenir des Chambres d'agriculture, Stéphane Travert est unanime : "la régionalisation ne se fera que là où elle est envisageable. Pour les autres territoires, nous ne toucherons pas au fonctionnement actuel. J'estime que les Chambres départementales ont un rôle essentiel en termes de conseil et d'animation locale."

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