Le groupe français Danone fait face à un boycott sans précédent de ses produits via sa filiale marocaine « Centrale Danone » depuis le début du mois de mai. Accusés de vendre trop cher ses produits, la filiale aurait fait perdre au groupe près de 13,5 millions d’euros. Répandue par les réseaux sociaux de manière anonyme, cette campagne aurait eu un impact important sur les résultats de l’industriel : selon Media 24, il aurait vu ses parts de marché passer de 46,7 % fin avril à 18,3 % deux mois plus tard. Selon Fimalait, la fédération interprofessionnelle du lait marocaine, le groupe aurait réduit d’un tiers sa collecte au Maroc. Les conséquences qui résultent de cette diminution de production sont presque passées inaperçues dans les rayons des supermarchés car les consommateurs ont pu disposer rapidement de produits issus d'un autre industriel, la coopérative Copag, nouveau leader du marché. Néanmoins, cette réactivité a été pointée du doigt par certains observateurs car la disponibilité de lait sur le marché est restée la même quand Danone a réduit de 30% sa collecte et celle de Copag est restée inchangée: cette dernière, plutôt que de s'organiser pour collecter les producteurs délaissés par Danone, aurait ajouté de la poudre de lait afin de faire grossir les volumes, pratique cependant interdite !  

Des victimes collatérales

En conséquence du ralentissement des chaines du groupe, près de 900 emplois CDD et intérimaires ont été supprimés et 30% des producteurs marocains fournissant la marque Danone se retrouvent non collectés du jour au lendemain, ce qui impactera fortement le revenu de 120 000 d'entre eux. Une contre manifestation menée par les producteurs en protestation à ce boycott a eu lieu afin de sensibiliser l'opinion: les consommateurs boudant les produits Danone sont-ils les vrais responsables de cette crise ?  

Un responsable invisible

Cette crise basée sur des prix de vente trop élevés est la conséquence d’une mondialisation des marchés sans limite, prônée par les dirigeants européens et les industriels. Concernant la filière marocaine, le poids du libéralisme s'est encore un peu plus alourdi en 2017, avec l'arrivée du géant laitier néerlandais Friesland Campina, 5e collecteur au niveau mondial : les producteurs laitiers marocains sont aujourd’hui en concurrence avec des producteurs laitiers de l’autre bout de l’Europe !  Il est aujourd’hui « normal » de consommer du lait néerlandais au Maroc, du lait français en Chine, ou du lait néo-zélandais en Inde (bientôt en France ?) alors qu’il serait « logique » que les États puissent pouvoir organiser leur souveraineté alimentaire. La libre commercialisation des denrées alimentaires est aujourd’hui au même niveau qu’un boulon ou qu’un T-shirt, régit par les accords de l’OMC. C’est pourquoi la Coordination Rurale milite depuis 1993 pour l’exception agriculturelle, afin que chaque pays ait droit à sa souveraineté alimentaire et puisse établir sa propre politique agricole !

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