Lors de la visite de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, le 9 décembre suite au inondations dans le Var, Max Bauer souhaitait intervenir pour sensibiliser le ministre sur les conséquences dramatiques des inondations. Faute de temps, le texte n’a pas pu être intégralement lu, mais voici tout de même le contenu.

Juin 2010 : des crues font 27 morts et disparus dans le secteur de Draguignan et de la basse vallée de l’Argens.

Novembre 2011 : le département du Var est à nouveau touché par les conséquences d’un épisode méditerranéen, qui fait 4 victimes.

Octobre 2012 : deux étudiants meurent à Toulon, après avoir été emportés par les flots.

Janvier, septembre et novembre 2014 : une série d’inondations fait 8 morts, dont 5 à La Londe-les-Maures.

Octobre et novembre 2018 : de nouvelles crues font 3 morts.

23 novembre et 1er décembre 2019 : neuf personnes perdent la vie dans le Var, un bilan alourdi par le décès de 3 secouristes dans un hélicoptère qui s’est écrasé près de Marseille.

En juin 2010, «  Plus jamais ça » , s’étaient alors émus les élus. Le chef de l’État Nicolas Sarkozy, en visite à Draguignan, avait alors promis que « tout serait fait pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise pas. Tant que je serai président de la République, personne ne construira dans une zone reconnue comme dangereuse. Mon message est clair et sans ambiguïté. Si la zone est dangereuse, au nom de l’État nous interdirons les constructions. Cela fait des décennies qu’on a joué avec des victimes potentielles en n’appliquant pas le règlement. Ce temps est révolu ».

En novembre 2011, Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, n’a pas apaisé les inquiétudes des riverains de l’Argens.

Le 24 novembre 2011, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, avait réaffirmé sa volonté de trouver des solutions pour faire face à l’urgence mais également pour prévenir de tels désastres à l’avenir.

En février 2014, Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, avait indiqué être prêt à discuter avec les agriculteurs de la loi sur l’eau pour assouplir l’entretien des fossés et des cours d’eau. Un tel assouplissement étant indispensable, car ils sont les premiers moyens de dégagement des eaux lors d’inondations. Les agriculteurs doivent pouvoir entretenir sans crainte fossés, cours d’eaux et digues.

Le 3 décembre 2019, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, est venue écouter les points de vue de tous les acteurs lors d’une visite dans le Var. Comme son prédécesseur, François de Rugy, elle a promis aux élus plus de souplesse et d’efficacité pour accélérer les travaux du Programme d’Actions pour la Prévention des Inondations (PAPI), en cadrant mieux les études environnementales.

Monsieur le Ministre, aujourd’hui, je n’attends pas de votre part des formules ou des déclarations qui ne seront pas suivies d’actes concrets, efficaces et rapides. Ces crises doivent nous conduire à prendre des mesures drastiques. Il y a une vraie exaspération.

Tous ici présents, depuis 2010, nous participons aux cellules de crises de la Chambre d’agriculture et aux divers visites de terrain. Dans la grande majorité des cas, ces sorties consistent à vous suivre accompagné de journalistes lors de constations ou de prises de témoignages. Au vu du faible niveau de solutions apportées, certains agriculteurs en viennent à se demander si cela ne relève pas d’une simple opération de communication ou pire encore si cela ne s’apparente tout simplement pas à certaine forme du voyeurisme. Heureusement il y a également les visites avec la DDTM dans le cadre de la procédure calamité agricole. À ce propos, je remercie l’administration locale pour leur écoute, faisant remonter systématiquement nos inquiétudes et nos attentes tant des responsables syndicaux que des techniciens de la Chambre d’agriculture et des divers organismes agricoles.

En réponse, aux propos de Serge Jacob, directeur de la préfecture du Var (Var Matin du 28 novembre 2019) : aujourd’hui, nous sommes dans la gestions de l’après crise (malheureusement le week-end dernier, de nouvelles inondations tragiques ont eu lieu). Nous sommes là, pour faire remonter des problématiques, des constats, des difficultés et proposer des solutions. Nous pouvons ouvrir des réunions de réflexion pour partager nos points de vue et faire travailler ensemble nos experts qui ont la connaissance du terrain. Les experts ce sont surtout les agriculteurs qui vivent sur leur territoire depuis plusieurs générations. STOP à la réunionite aiguë et aux nombreuses études très coûteuses !

Dans ce même article, je souhaite apporter une précision. Les agriculteurs qui subissent régulièrement des inondations sur des espaces bien identifiés, pourraient après certaines modalités bénéficier de compensations voire même toucher un revenu. Je reste septique. Veut-on faire des agriculteurs des paysagistes de l’environnement ?

Un agriculteur, qui subit des inondations répétitives en zone périurbaine (surtout en maraîchage), peut avoir des dépôts d’hydrocarbure et autres pollutions d’origine urbaine sur ses terres et qui apparaîtront lors des analyses. Tout comme l’aspect psychologique des inondations à répétition avec parfois la perte d’animaux domestiques et d‘élevage. A-t-on vraiment réfléchi à ces conséquences ? Et les pertes de marchés que les inondations engendrent ? Tous ces éléments indirects et non mesurables doivent aussi être pris en compte. Sans oublier la déprise lors d’une éventuelle vente et l’impossibilité de reprise d’exploitation ou d’installation de jeunes : verra t-on de nouvelles friches apparaître ?

Les villes doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter que les excès d’eau n’aillent dans les champs car les conséquences sont dramatiques pour les agriculteurs et les consommateurs. Les terres agricoles ne sont pas des réceptacles pour lutter contre les inondations. C’est bien aux collectivités d’apporter des solutions et pas l’inverse.

Je vais vous expliquer d’où viennent mes craintes à ce sujet. Le 5 décembre 2012, je participais au Comité régional d’orientation et de suivi (CROS) du plan Ecophyto et protestait contre les nouvelles contraintes qui entraîneraient des projets de bassins de rétention de L’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques). Lors de cette réunion le responsable de l’Onema déclarait : « il faut laisser la libre expression des rivières ». J’ai donc demandé une explication, ce à quoi il a répondu : « s’il faut démonter des digues ancestrales pour sécuriser les zones urbaines, cela rentrera dans un programme.».

Monsieur le Ministre, pour tous ceux qui ne prennent pas de mesures rapides et de bon sens, qui préfèrent ralentir des travaux par des procédures ou les entravent, qu’ils sachent qu’ils ont une part de responsabilité sur les risques qu’ils font courir à la population. Monsieur le Ministre, Madame la Présidente de la Chambre d’agriculture, pour toutes les personnes décédées depuis 10 ans, je demande 1 minute de silence. MERCI

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